Quand la fiction s’attaque à un thème documentaire et le traite comme tel (l’utilisation de la DV, en parfaite adéquation avec le sujet), le résultat est parfois remarquable. "Paria" en est la démonstration. Les premières scènes du film suivent un car de ramassage de SDF un soir de Saint-Sylvestre à Paris. Parmi les ramassés, la caméra s’intéresse à deux d’entre eux, les plus jeunes. L’un, Victor, 18 ans, refuse avec véhémence d’atterrir dans cette compagnie ; l’autre, Momo, hilare etplus âgé de quelques années, passe son temps à déconner et à chanterŠ
Ayant posé son récit dans un contexte aussi dur, Klotz était menacé par le misérabilisme et les sentiments bons marché. Il a heureusement parié sur des ruptures de ton et réussi à greffer à son propos de belles histoires, sentimentales et drôles. Ces morceaux de réalité sociale sont en général très peu montrés par le cinéma français. Ou bien rarement comme ici : des poches de vie où la loi du quotidien s’efface, pour laisser place aux improvisations plus ou moins légales du système D (ce qui rejoint, on l’aura compris, le soucis de hasard que manifeste la narration) : petits boulots, visas qui expirent, combines diverses pour se saper, mariage blanc, gangrène et saleté. Le premier film de Nicolas Klotz en tire une force d’errance, de délitement et de hasard.