Premier film d"un jeune cinéphile de l"époque, "Targets" est un coup de maître et sans nul doute une oeuvre culte et historique, à l"égal, par exemple, du "Peeping Tom" de Michael Powell (si si). Un film hors norme où deux genres s"affrontent - celui du serial killer et du film d"horreur - et qui débouche sur une scène finale hallucinante où, à la lettre, c"est la fiction qui supplante la réalitéŠ C"est aussi le dernier film de l"excellent Boris Karloff (vous savez, l"inoubliable créature du Dr Frankenstein première mouture). Il y joue d"ailleurs son propre rôle sous le pseudonyme de Byron Orlok, un acteur de films d"horreur qui, bien que prenant sa retraite, accepte une dernière fois de présenter dans un Drive-in son dernier opus , "The Terror" (film de Roger Corman qui est aussi le producteur de "Targets"). Entre-temps, on suit la journée d"un jeune sniper psychopathe qui terminera sa course meurtrière derrière un écran de cinéma... celui-là même où sera projeté "The Terror" ! Avec "Targets", plutôt réaliste dans sa forme, on est fort loin des histoires de tueurs en série à la sauce "Silence des Agneaux", excepté pour l"indubitable suspens qui s"en dégage. Cependant, c"est aussi et surtout une sorte d"allégorie complexe sur un certain traumatisme contemporain américain dont Bogdanovich veut nous parler, et ce par le truchement d"une mise en abîme que seul le cinéma peut offrir au regard du spectateur. A voir donc absolument. Et pas d"excuses : "Targets" sera présenté quatre fois, un vendredi sur deux, et, cerise sur le gâteau, il est sous-titré en français !
‹ MIDNIGHT SCREENINGS ‹ 5 / 3,5 zeuro