Pour les cinéphiles attentifs le nom de Omirbaev remémorera les films "Kaïrat" et "Kardiogramma" projetés au Nova il y a trois et deux ans, mais aussi "Tueur à gages", son avant-dernier film, programmé dans une autre salle. Parce-que ce dernier trouva une place auprès d’un distributeur bien de chez nous pensions donc que "Jol" l’aurait trouvée aussi. Mais apparemment nous nous trompions... Forcé donc que pour un cinéaste qui nous aura interpellé dès ses premiers films, et qui continue à garder une cohérence artistique intrigante, nous nous serions atteler à vous proposer sa toute dernière oeuvre, fraîchement sortie de sa vie festivalière.
Plutôt qu’un road-movie des steppes, comme décrit par certains, "Jol" est un film de voyage - voyage géographique, temporel et mental - mais aussi et surtout un film intrinsèquement "de cinéma" et "sur le cinéma". Et ce de par son montage, sa composition d’image, son histoire.
Un jeune cinéaste, Amir Kobessov (l’alter ego de Omirbaev dans le film, joué par le réalisateur Djamshed Usmonov, dont nous avons programmé dans le passé "Le puits" et "Le nid de l’abeille"), reçoit un télégramme lui annonçant que sa mère est tombée malade. Amir prend ainsi la route pour se rendre auprès de celle-ci, dans son village natal.
C’est sur cet événement simple, élément déclencheur du voyage et qui ne refera surface qu’à la fin du film, que se construit tout le récit. Récit où s’entrelacent des fragments de vie du protagoniste, des souvenirs d’enfance, des rêveries, des bribes d’un scénario à venir... Récit qui n’a pour linéarité que les fils de la pensée et de l’imagination du cinéaste.
Film elliptique et épuré tant au niveau du montage , qu’à celui de l’histoire, "Jol" relève de ce cinéma qui ne recherche pas à tout prix une trame narrative aguicheuse pour exister, mais qui se donne le temps de nous ravir avec ’une image’ ou ’un moment’. Il est aussi "de ce cinéma" où les mots peuvent devenir superflus et se font donc silencieux. Et tout passe alors par autre chose. Comme, par exemple, un jeu de regards.
Du 25/04 au 2/06 >>> 5 / 3,5 zeuro