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sorties

La route

JOL - THE ROAD

Darejan Omirbaev, 2001, KZ, 35mm, vo st fr, 85

Pour les cinéphiles attentifs le nom de Omirbaev remémorera les films "Kaïrat" et "Kardiogramma" projetés au Nova il y a trois et deux ans, mais aussi "Tueur à gages", son avant-dernier film, programmé dans une autre salle. Parce-que ce dernier trouva une place auprès d’un distributeur bien de chez nous pensions donc que "Jol" l’aurait trouvée aussi. Mais apparemment nous nous trompions... Forcé donc que pour un cinéaste qui nous aura interpellé dès ses premiers films, et qui continue à garder une cohérence artistique intrigante, nous nous serions atteler à vous proposer sa toute dernière oeuvre, fraîchement sortie de sa vie festivalière.
Plutôt qu’un road-movie des steppes, comme décrit par certains, "Jol" est un film de voyage - voyage géographique, temporel et mental - mais aussi et surtout un film intrinsèquement "de cinéma" et "sur le cinéma". Et ce de par son montage, sa composition d’image, son histoire.
Un jeune cinéaste, Amir Kobessov (l’alter ego de Omirbaev dans le film, joué par le réalisateur Djamshed Usmonov, dont nous avons programmé dans le passé "Le puits" et "Le nid de l’abeille"), reçoit un télégramme lui annonçant que sa mère est tombée malade. Amir prend ainsi la route pour se rendre auprès de celle-ci, dans son village natal.
C’est sur cet événement simple, élément déclencheur du voyage et qui ne refera surface qu’à la fin du film, que se construit tout le récit. Récit où s’entrelacent des fragments de vie du protagoniste, des souvenirs d’enfance, des rêveries, des bribes d’un scénario à venir... Récit qui n’a pour linéarité que les fils de la pensée et de l’imagination du cinéaste.
Film elliptique et épuré tant au niveau du montage , qu’à celui de l’histoire, "Jol" relève de ce cinéma qui ne recherche pas à tout prix une trame narrative aguicheuse pour exister, mais qui se donne le temps de nous ravir avec ’une image’ ou ’un moment’. Il est aussi "de ce cinéma" où les mots peuvent devenir superflus et se font donc silencieux. Et tout passe alors par autre chose. Comme, par exemple, un jeu de regards.
Du 25/04 au 2/06 >>> 5 / 3,5 zeuro

25.04 > 22:00 + 26.04 > 20:00 + 26.04 > 22:00 + 27.04 > 20:00 + 27.04 > 22:00 + 28.04 > 20:00 + 28.04 > 22:00 + 03.05 > 20:00 + 03.05 > 22:00 + 04.05 > 20:00 + 04.05 > 22:00 + 05.05 > 20:00 + 05.05 > 22:00 + 09.05 > 20:00 + 10.05 > 22:00 + 11.05 > 20:00 + 12.05 > 22:00 + 17.05 > 20:00 + 18.05 > 22:00 + 19.05 > 20:00 + 25.05 > 20:00 + 26.05 > 22:00 + 31.05 > 20:00 + 02.06 > 20:00


Harmony Korine, 1999, US, 35mm, vo st fr, 94

Julien (Ewen Bremner) est un jeune schizophrène d"une famille atypique de Long Island. Son frère cadet passe ses journées à s"entraîner à la lutte greco-romaine, coaché par son père (Werner Herzog) qui veut en faire un battant, alors que lui-même passe le plus clair de son temps à rechercher une défonce naturelle, comme peut-être le fait de porter un masque à gaz régulièrement. La grand-mère (Joyce Korine elle-même) ne fait que jouer avec son caniche blanc. Seule la soeur (Chloé Sevigny) semble la plus normale : elle attend un bébé et représente la figure maternelle depuis lontemps disparue, ce qu"elle rend (trop) bien à JulienŠ On suit ainsi les pérégrinations de ce dernier, proprement désorienté par la vie, comme nous par le film qui traite son sujet par brides, délaissant toute narrativité classique au profit de tranches de vies en surface insignifiantes, et qui pourtant aboutissent à des scènes sans pareil. Tantôt amusantes, tantôt impudiques, tantôt franchement dérangeantes. Finalement l"on en ressort bouleversé, les différentes lignes narratives convergeant vers une histoire lyrique où révolte, tendresse et poésie en sont les moteurs sous-jacents.
Scénariste du "Kids" de Larry Clark à l"âge de 18 ans, c"est surtout avec "Gummo" en 1997, son premier film, qu"Harmony Korine provoque la contreverse. Loin d"être ignorant du cinéma (il connut dès l"âge de 10 ans les films de Godard et de Bresson par son père trotskyste et cinéphile), il n"en demeure pas moins qu"il se bat contre le cinéma dominant et même celui faussement indépendant. D"où sa totale allégeance à Dogme 95 pour "Julien Donkey-Boy", son second et dernier film à ce jour.
Pendant de "Gummo" qui montrait des gamins "freak" aux faux comportements d"adultes, "Julien Donkey-Boy" nous montre un adulte "freak" aux vrais comportements enfantins. Mais c"est surtout de par sa technique que ce dernier film se démarque : tout fût improvisé, à part une scène écrite, et filmé avec près de 30 caméras DV, la finition faisant fît de toute post-production ! De plus, le comportement de Julien est basé sur l"oncle paternel d"Harmony Korine, schizophrène aujourd"hui interné, qui intrigua longtemps le réalisateur lorsque, enfant, il allait chez sa grand-mère où vivait le lunatique (et où fût tourné en partie le film). Un film fort personnel donc, où il ne s"agit pas de romancer une quelconque histoire vraie ou vraissemblable, mais bien d"atteindre un réalisme et une vérité de personnages loins de ceux diffusés sur nos petits et grands écrans.

Du 9/05 au 16/06 > 5 / 3,5 zeuro

09.05 > 22:00 + 10.05 > 20:00 + 11.05 > 22:00 + 12.05 > 20:00 + 17.05 > 22:00 + 18.05 > 20:00 + 19.05 > 22:00 + 24.05 > 22:00 + 30.05 > 22:00 + 01.06 > 22:00 + 06.06 > 20:00 + 07.06 > 22:00 + 08.06 > 20:00 + 09.06 > 22:00 + 14.06 > 20:00 + 15.06 > 22:00 + 16.06 > 20:00


Quelle est la probabilité qu"un film extra-communautaire, non co-produit par l"Europe, puisse sortir dans une de nos salles ? On vous le dit : faible, si pas nulle. A moins que celui-ci provienne d"un de ces pays qui ont la cote dans le réseau des festivals, ou alors dans le rayon des magazines qui font "tendance". Mal barre donc pour "Wagner", une des rares productions entièrement bulgares de la dernière décennie, et qui de plus ne pourrait pas se vendre à la sauce socio-réaliste ou folklorique. Si référence il faut c"est plutôt du côté de la comédie de l"absurde, façon Ionesco ou Beckett, qu"il faudra la rechercher. Car dans "Wagner" les styles se mélangent subtilement et dès le début nous sommes plongés dans un univers qui bascule entre le surréel, l"onirique, voire l"excentrique.
Dans un monde qui a encore des relents de l"époque soviétique vit Elena, jeune ouvrière dans une usine oû trône une énorme machine hydraulique qui porte la marque "Wagner". Après dix ans de fidèles services, un appartement social, dans la 639ème avenue, bloc 741, lui est finalement alloué. Elena aménage. Le soir, la faim s"empare d"elle. Elle s"empresse donc vers le premier voisin pour demander un bout de pain. Mais celui-ci ne pouvant le lui fournir, la quête du "bout de pain" engloutit très vite notre protagoniste dans un pèlerinage labyrinthique et absurde dans le bâtiment où elle vient d"aménager.
Allégorie d"une Humanité qui se perd dans la course effrénée pour les choses matérielles, "Wagner", premier long-métrage d"Andrey Slabakov, se distingue aussi par une photographie qui navigue entre le baroque et l"expressionise, et par un jeu d"acteurs qui du comique peut très vite virer au tragique.
De "Wagner" il n"existe que deux seules copies. Aucune sous-titrée en français et c"est bien dommage. Armez-vous donc de votre dico d"anglais !
Du 24/05 au 16/06 >>> 5 / 3,5 zeuro

24.05 > 20:00 + 25.05 > 22:00 + 26.05 > 20:00 + 30.05 > 20:00 + 31.05 > 22:00 + 01.06 > 20:00 + 02.06 > 22:00 + 06.06 > 22:00 + 07.06 > 20:00 + 08.06 > 22:00 + 09.06 > 20:00 + 14.06 > 22:00 + 15.06 > 20:00 + 16.06 > 22:00


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