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Films

A la veille de l’an 1959, Norville Barnes (Tim Robbin), fraîchement diplômé en gestion à sa petite ville de Muncie, arrive à New York . Il espère gravir l’échelle capitaliste bien que l’on sente vite que cela risque d’être fort difficile pour lui. Tournant décisif pour la firme Hudsucker : son fondateur et principal actionnaire se jette par la fenêtre du 44ème étage, alors que l’entreprise ne s’est jamais aussi bien portée ! Au conseil d’administration de Hudsucker, le stratège Sidney J. Mussburger (Paul Newman) décide de trouver pour nouveau président un parfait imbécile afin de faire chuter la valeur des titres et de pouvoir les racheter à bas prix. Au même moment, le jeune niais Norville est engagé dans la firme comme coursierŠ Pastiche des films hollywoodiens qui prennent place dans le monde des affaires, "The Hudsucker Proxy" pousse effrontément la caricature et les pointes d’humour. Le scénario est une collaborations des frères Cohen avec Sam Raimi (Spider Man, Evil Dead) et le film est leur première grosse production. Le côté visuel ne décevra pas : descentes vertigineuses du haut des tours, contreplongées sont au rendez-vous ; ainsi que quelques inserts (comme l’explication très sérieuse du fonctionnement du Hula Hoop), qui surprennent et coupent la fluidité classique des "Big Hit".

16.08 > 21:30


Alex Proyas, 1998, AU, 35mm, vo st fr, 100

Quand John Murdoch se réveille dans une chambre d"hôtel, il ne se souvient de rien et est recherché pour une série de meurtres atroces. A la recherche de sa véritable identité , il enquête dans une ville étrange où le temps a été arrêté. Plongés dans une nuit éternelle, les héros de cette étrange aventure vont constater que l"univers entier n"est qu"un décor, une tromperie cosmique destinée à égarer nos sens et derrière laquelle, il n"y a rien !
Alex Proyas (« The Crow ») revient à la réalisation pour un conte surréaliste tout droit sorti des cauchemars de Kafka. Il ne craint pas de dissèquer nos angoisses les plus intimes. Doté d"une atmosphère visuelle proche de l"expressionisme allemand de Fritz Lang, « Dark City » s"inscrit parmi les plus grands classiques du genre fantastique, ne dissimulant en rien l’influence d’auteurs tels Robert Heilein, Lovecraft ou Philip K. Dick. Une oeuvre noire et déroutante dont on ne sort pas indemne.

17.08 > 21:30


"In a world where the human mind can be programmed like a computer, at what point does the human soul end / and the cybernetic machinery begin ?"

Une combinaison à ne pas manquer : un des mangas les plus inventifs des années ’90 dans le décor moderniste du quartier Nord, Ghost in the Shell. L’action se déroule en l’an 2029 dans un Hong-Kong futuriste. La frontière entre la réalité virtuelle et le monde réel sont complètement flous. L’intelligence artificielle est très développée, une multitude d’hommes et de femmes ont fait implanter des interfaces dans leur cerveaux leur permettant d’interagir avec le paysage informatique. "Ghost in the Shell" mêle l’animation de Patlabor (Mamoru Oshii) au scénario ingénieux de Masamune Shirow. Les images combinent le multimédia et l’animation avec une force impressionnante. Le résultat prouve que le dessin animé ne doit pas forcément être la copie d’un film "traditionnel" pour émettre un constat fort. La sublime bande originale de Kenji Kawai rend "Ghost in th Shell" encore plus prenant. Une histoire affreusement réelle et non moins aliénante. Hong-Kong a donné un leçon de cinéma aux réalisateurs de "Matrix", qui ont d’ailleurs été de bons élèves !

23.08 > 21:30


One Week

La maison démontable

One Week (La maison démontable)
"Le film est consacré à mes efforts pour assembler la maison que j"avais achetée en pièces détachées. Mon rival, furieux que je lui aie soufflé sa fiancée, se vengeait en changeant le numéro de mon lotissement, de sorte que je montais mon nid d"amour sur le terrain de quelqu"un d"autre. Il intervertissait aussi le numérotage des morceaux, si bien que la bâtisse achevée était la plus biscornue qu"on puisse imaginer. Rien n"était à sa place d"origine. Par exemple, la porte d"entrée se trouvait au deuxième étage. Il n"y avait pas d"escalier, et quand on voulait sortir, on dégringolait dans le jardin, ce qui me donnait l"occasion d"une chute spectaculaire" (Mémoires, p. 160).

Un joli petit coin
Réalisé d’après un spectacle de pantomime et tourné en décors naturels, dans le quartier Nord alors en démolition, le film se présente sous la forme d’une suite de situation comique et de gags entre deux clochards qui se rencontrent dans un terrain vague. Univers minimal, dérisoire, dans lequel les objets prennent vie autant que les personnages, comme dans les films burlesques de l’époque du muet, univers en décomposition, comme notre belle ville de Bruxelles, avec ses murs qui s’écroulent, ses chantiers poussiéreux et ses terrains dévastés par la spéculation immobilière.

24.08 > 21:30


La stratégie de l"escargot

La Estrategia del caracol

Un vieil immeuble de la banlieue de Bogota. Le propriétaire, un nouveau riche genre "yuppie", veut mettre ses locataires à la rue. Malgré l’exiguïté oppressante de la bâtisse, les habitants y vivent depuis des années dans un esprit très convivial. Pour eux, il est hors de question de déménager. Plutôt mourir ! Pour résister à un délogement imminent, ils feront appel à leur propre ingéniosité. Il y a notamment Justo, un jeune révolutionnaire qui en appelle toujours aux masses ; Luis, un prêtre qui cherche l’apaisement ici-bas ; Gabriel qui se métamorphose en Gabriela pour mieux se vendre ; ou encore Misia Trina , témoin d’un miracle religieuxŠ
Entraînés par Romero, l’avocat pas encore diplômé, ils tenteront d’abord de repousser l’expulsion au moyen de tous les subterfuges juridiques imaginables. Mais Jacinto, un vieil anarchiste espagnol exilé, propose une alternative malicieuse pour lutter contre l"arbitraire. C’est la stratégie de l’escargot. Autrement dit : comment appliquer aux bipèdes l’essence même du gastéropode...
Gabriel Garcia Marquez a présenté ce film comme étant "le meilleur miroir de la Colombie de toute l’histoire de son cinéma". Enorme succès public en Colombie, il est pourtant resté injustement méconnu en Europe. Une occasion rare de le découvrirŠ

06.09 > 21:30


"Savoir s’orienter dans une ville ne signifie pas grand chose. Mais s’y perdre, comme on se perd dans une forêt, demande tout un apprentissage" (Walter Benjamin).
Avec ses 16 millions d’habitants, Sao Paulo est l’une des plus grandes villes du monde. Des grattes-ciel aux quais de métro, des immigrés du Nordeste brésilien y pratiquent une sorte d’ opéra urbain, un art de la rue qui fait figure d’ancêtre du rapŠ Dans la cacophonie de la ville, accompagnés à la guitare ou au tambourin, ils improvisent des dialogues en formes de joutes oratoires. Ces vers chantés, inspirés de leur réalité quotidienne, sont de véritables chroniques sociales de la métropole, "ce géant infini ayant l’âge d’un gamin"Š
Saudade est un mot de langue portugaise intraduisible dans d’autres langues. C’est le désir d’un bien dont on est privé, le regret d’une absence, le souvenir d’une personne ou d’un lieu, le très fort désir de revoir quelqu’un ou de retourner quelquepartŠ Saudade do futuro, c’est donc en quelque sorte la nostalgie du futurŠ

07.09 > 21:30


Marco Ferreri, 1974, IT-FR, 35mn, vo fr st nl, 108

L’histoire revisitée de la guerre exterminatrice du général Custer contre les indiens d’Amérique, tournée dans les rues du Paris des années ’70 et le chantier des Halles transformé pour l’occasion en improbable Eldorado. Un film ovni du facétieux réalisateur de "La grande bouffe", où l’on retrouve d’ailleurs presque toute la bande : Maestroianni en ridicule général Custer belliqueux à souhait, Tognazzi en Indien "déchu" et salace, Piccoli en Buffalo Bill grandiloquant et cabotin, Noiret en général Terry dilettante et corrompu, et même quelques apparitions de Ferreri en photographe de presse. Mais aussi Reggiani en sorcier indien visionnaire, Deneuve en bourgeoise sainte-nitouche, Darry Cowl en taxidermiste extravaguant et Alain Cuny en vénérable chef indienŠ La naissance des Etats-Unis revue et à peine corrigée en un western satyrique aux accents anachroniques et révolutionnaires étrangement actuels. A quand l’histoire de l’Europe transposée dans les rues du Bruxelles des années 2000 ? A vous de l’imaginer par ce film mordant de feu Marco Ferreri, et ce en plein quartier européenŠ

13.09 > 21:30


Le grand embouteillage

L’ingorgo, una storia impossibile

A Rome, un homme d’affaires descend de son avion privé et monte dans sa Jaguar. Il se retrouve bloqué dans un embouteillage gigantesque, au milieu d’une vieille Fiat occupée par une famille napolitaine au complet, d’une Volkswagen dans laquelle un jeune homme s’apprête à rejoindre une jeune fille, d’une Mercédès où quatre hommes armés discutent, tandis qu’une ambulance transporte un blessé grave... Aux abords de cette bretelle d’autoroute, le décor est plutôt sinistre : terrains vagues, piliers d’un pont routier en construction, cimetière de voituresŠ Contraints à l’immobilité et à une cohabitation forcée, les automobilistes font face chacun à leur manière à la situation. La vie de l’embouteillage s’organise peu à peu mais l’étrange mélange social qui s’y crée va se mettre à dégénérer d’heure en heureŠ
Comédie pessimiste et écrasante, "L’ingorgo" met en cause la misère matérielle et morale des rapports basés sur l’argent et sur le respect des valeurs traditionnelles. Il reste comme l’un des films les plus marquants de Comencini. Avec une belle brochette d"automobilistes tels Miou-Miou, Patrick Dewaere, Ugo Tognazzi, Marcello Mastroianni, Gérard Depardieu, Annie GirardotŠ

14.09 > 21:30


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