Coucou gamin ! Avec son prix très spécial remporté à Cannes en ’92, les fausses polémiques sur la gratuité de la violence à l’écran, ses répliques imparables, son budget qu’on n’oserait même pas qualifier de dérisoire et son côté bricolé parfaitement assumé, "C’est arrivé près de chez vous" est devenu le représentant le plus emblématique du cinéma belge trash et culte. Nombriliste, pathétique, auto-satisfait et donneur de leçons, le personnage de Ben a permis depuis au comédien Poelvoorde d’explorer de manière répétitive les mêmes voies - celles de la reconnaissance ou de l’ego, mais est-ce un hasard ? - relativement éloignées du postulat irrévérencieux du brûlot initial. Parce que la question de la transgression reste pertinente - même si la transgression mène à tout - "C’est arrivé près de chez vous" est un ovni fulgurant et incontournable. Noir et blanc, caméra à l’épaule (avant l’ère Dogma), faussement malhabile et complaisant, "C’est arrivé près de chez vous" se permet aussi d’égratigner le cinéma-vérité, de faire suinter l’image dans un paysage visuel encombré de "Strip-tease", de faire éclater les conventions d’un genre. Ce n’est pas pour rien que nous en redemandons !