C’est en goûtant à différentes coupes que l’on connaît la saveur du vin. A l’image du vaste territoire oriental parcouru par les Nova-trotters, ce programme "So Near So Far" vous en fera voir de toutes les couleurs. Une sélection-maison incluant films de fiction, documentaires ou expérimentaux, dont résulte un échantillon des pratiques audiovisuelles au Proche-OrientŠ
Echantillon subjectif et donc fatalement réducteur. Mais qui permet de cerner, au-delà des importants contrastes qu’on rencontre à travers la Syrie, la Palestine, le Liban, Israël et l’Egypte, des phénomènes communs à l’ensemble de cette région. L’obstacle des frontières, les quêtes de territoires, les questions d’identité, d’ingérence et les conflits en sont quelques-uns.
Au-delà de cet exil volontaire, le Nova restera fidèle tout au long du voyage à ses traditions d’hospitalité. Ainsi, le programme ne se passera pas de ces moments privilégiés de rencontres, de gastronomie et de musiqueŠ
Quelques repèresŠ
Sous le feu de l’actualité internationale, le conflit israélo-palestinien reste au centre des préoccupations locales, ayant frappé de plein fouet l’histoire des populations du Proche-Orient. L’incontournable question du "partir ou rester ?" prend ici toute son importance. Passivité ou prise de parole ?
Cinématographiquement, "Les dupes" de l’Egyptien Tawfik Saleh (1972, produit par la Syrie) est sans conteste une oeuvre fondatrice d’un cinéma d’auteur au Proche-Orient qui prend la parole pour le peuple palestinien et met en avant la question de l’exil. Mystique et poétique, "Sacrifices" du Syrien Oussama Mohammed (2002) s’intéresse à la question de la politique nationale et à la possibilité de l’épanouissement collectifŠ
Car, si dans les années ’60 un nouveau cinéma est apparu en Egypte avec le Groupe Nouveau Cinéma ; si Beyrouth a réuni des réalisateurs palestiniens et libanais qui manifestent leur engagement à travers le cinéma ; si la Syrie développe des infrastructures cinématographiquesŠ le cinéma a très vite été perçu par les pouvoirs comme un outil de propagande. Et a donc souvent été mis directement sous la coupe des Etats, organisant tantôt une censure directe, tantôt par le "vide" (absence de moyens financiers pour la production, impossibilité de diffuser un film achevéŠ).
De cette époque à aujourd’hui, de grands changements sont survenus. La thématique de l’exil, des obstacles, du vide et des traumatismes laissés par la guerre, s’est développée dans les cinématographies du Proche-Orient. Ce cinéma contemporain qui cherche et prend position, se développe par des collaborations internationales, se démêle avec la censure et l’administration. Il nous parvient au travers de documentaires qui exploitent de plus en plus le langage de l’image et repoussent les frontières du genre (par exemple, les films de Tawfik Abu Wael). Il nous arrive par le biais des ateliers vidéos, par un language expérimental, par l’utilisation fréquente et habile de la métaphore dans les films de fictionŠ