Nous sommes en 1959, dans la salle d’attente de la plus grande gare de Rome, Stazione Termini. Un homme, à l’apparence négligée, saoul, se fait arrêter par la police suite à un contrôle d’identité. Relâché, il prend le premier train pour Naples. On découvre alors que celui qui nous apparaissait comme un clochard est en réalité un illustre professeur de mathématique, ex communiste, à l’université de Naples. Renato Caccioppoli, tel est son nom, est connu de tout le monde et, justement parce que renommé pour ses études de mathématique, tolléré dans ses excès excentriques et alcooliques. Et puis, très vite, on comprend que derrière ses négligences vestimentaires, derrière son goût prononcé pour l’alcool se cachent en réalité un mépris et un désabusement profonds pour la vie académique qui l’entoure, pour son génie qui décline, pour ces idées politiques dans lesquelles il croyait. Une spirale d’idées noires qui le porteront au suicide. Filmé avec des couleurs jaunâtres, chaudes et en même temps ’maladives’, avec des ambiances à certains moments presque suspendues dans le temps, ce premier long métrage de Martone met en scène un des acteurs les plus originaux du théâtre italien, Carlo Cecchi, qui a fréquenté aussi bien le Living Theatre que l’école de Eduardo De Filippo. (Prix Spécial du Jury à Venise en 1993)