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Edito

Un film peut être une grenade, une roquette, voire même une bombe ; la détonation pouvant se faire immédiatement ou à retardement, sans causer ni victimes ni morts. Ça, le Festival de Cannes 2004 nous l"aura au moins prouvé. N"ayez crainte ! Nous ne vous parlerons pas du cru cannois de cette année, les médias l"ont assez fait et le Festival de Cannes n"est d"ailleurs pas un rendezvous auquel le Nova est abonné. Mais nous ne cacherons pas que, même à des kilomètres de distance de la Côte d"Azur, deux trois données nous ont quand même surpris. D"une part le nombre de films documentaires programmés ; d"autre part l"irruption inattendue du réel et du politique dans un événement où généralement priment les paillettes et les cocktails. Certains auront parlé du fait que c"est la dictature de l"actualité qui s"est imposée. Et certes, nous vivons à une époque où on peut effectivement parler du diktat des médias. Mais que penser alors du processus de création et de nos imaginaires dans un monde où « le réel dépasse la fiction » comme on l"a communément entendu dire depuis le 11 septembre ? Et où nos esprits abasourdis peuvent-ils encore trouver une porte de sortie dans la surenchère des images déversées par les tubes cathodiques ou par celles fantasmées des majors, qui nous renvoient une réalité démagogue ? C"est le cinéma documentaire qui semblerait alors relever l"enjeu de réfléchir et penser le réel. C"est en tout cas dans ce registre que beaucoup de choses se passent dernièrement. Souvent plus flexible que le cinéma de fiction au niveau de la production, le documentaire vit incontestablement un nouvel éveil, nous délivrant une flopée de films aux consonances et dissonances les plus diverses. Le Marché de Cannes aura donc en quelque sorte contribué à déflagrer ce phénomène déjà présent dans la plupart des festivals de cinéma. Et ainsi à soulever la question de « où » et « comment » montrer ces films documentaires qui échappent à la distribution du cinéma classique. Car le véritable documentaire est bien souvent réticent aux formatages imposés - les supports, formats, durées pouvant être des plus disparates - mais aussi parce que la distribution - comme la diffusion - cinématographique est avant tout centrée sur le cinéma de fiction. Souvent ce sont ainsi les films documentaires les plus spectaculaires, ou qui correspondent à un événement d"actualité incontournable, qui auront peut-être la chance de trouver un distributeur, et donc une diffusion plus ou moins convenable. Pour les autres, qui sont la majorité, les occasions d"être vus sont faibles. La censure n"étant pas que morale ou politique, on en vient à se dire que le manque de visibilité pour une grande partie du cinéma documentaire est aussi une certaine forme de censure, en partie économique (un documentaire ne pouvant que rarement faire les recettes d"un film de fiction). A nous alors de pointer du doigt un bouillonnement qui semble émerger du côté associatif, où des structures, nouvelles ou déjà rodées, s"organisent pour proposer des nouvelles formes de diffusion et de distribution, et surtout encadrer les films par des activités qui ne sont pas la vente de cornets de pop-corn et autres boissons sucrées.
Ce programme du Nova, léger en jours d"ouverture, affiche ainsi quelques-unes de ces expériences qui remuent l"actualité, celle des médias comme celle cinématographique. Après quoi, rendez-vous pour le prochain PleinOPENair, dans une formule « revue et rallongée » !!



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