Des « membres » du Nova s’interviewent eux-mêmes. Celui qui répond à la question pose la suivante. Toute l’équipe ne s’est pas encore adonnée à l’exercice mais par principe, le cadavre exquis ne s’arrête jamais...
‹ Comment as-tu découvert le Nova ?
Elisabeth : En suivant un groupe de nouveaux amis bruxellois pour la séance de courts métrages de Sergei Dvorsevoy, "Chastie" et "Bread Day".
‹ La première fois, comment as-tu et t’es-tu demandé ce qu’il fallait faire au Nova ?
Laurent G : Apprenant que le Nova recherchait des bénévoles actifs, je me suis présenté au cinéma. C’était jour de pliage (du programme papier). Alors j’ai plié. Le soir venu, j’ai déchiré les tickets à l’entrée de la salle. La semaine d’après, j’effectuais de menus travaux administratifs au bureau. Les choses et les tâches s’enchaînant de plus en plus, je n’ai pas eu le temps de (me) demander. Après quelques années, il serait peut-être temps...
‹ Quel serait, pour toi, la chose, l’événement... qui te ferais renoncer à ton engagement au Nova ?
Rachel : Ce qui me dégoûterait, c’est de ne plus y voir un seul film qui me plait.
‹ Qu’est-ce qui te fatigue le plus au Nova ?
Vincent : Les constants déplacements de matériels. On ne retrouve plus rien à sa place : matériel de bureau, outils, cables, cassettes, etc.
‹ Sommes-nous des "éduqués permanents" ? Qu’est-ce que le Nova t’as appris et que tu ne savais déjà ?
Tamara : Prise de conscience de la réalité des conflits (par exemple l’Education permanente : la loi et l’esprit de la loi). J’ai appris... l’intérêt de réhabiliter la confrontation (son expression) et la façon de l’aborder pour considérer l’altérité.
‹ Par quel biais du Nova, ton appétit a-t-il été avivé ?
Kris : De sfeer, de mensen, de films. Ik heb Nova leren kennen toen ik nog maar pas Berlijn naar Brussel verhuisd ben. Het hele concept herinnerde me direct aan Berlijn. De Duitse hoofdstad heeft een tiental openluchtcinema’s, Nova organiseert PleinOPENair. Berlijn loopt over van alternatieve cultuur, kraakpanden, gemeenschapsprojecten. Toen ik voor het eerst in Nova binnenkwam herinnerden de mensen, het interieur en de films me daar meteen aan. Sindsdien heb ik in Brussel ook geen plaats met zo’n hoog Berlijngehalte meer leren kennen. Dat iedereen er uiteindelijk vrijwillig werkt, draagt zeker bij tot de unieke sfeer. De bar van Nova houdt zo’n beetje het midden tussen een grote living en een café. Dat geldt voor de inrichting, maar evengoed voor het contact dat je hebt met bezoekers en de tientallen medevrijwilligers. Nog een tip voor toekomstige vrijwilligers : de kassa van Nova doen is één van de enige manieren om je krant van A tot Z te lezen. Behalve 2 keer een kwartiertje krijg je immers verplichte rust. Een aanrader.
‹ Vertel het verhaal van de allereerste filmprojectie in Nova.
Gwen : Il y a eu trois "premières" projections. En novembre 1996, lors d’une conférence de presse, on a emmené les journalistes visiter la salle dans l’état où la KredietBank l’avait mise. Il y avait un tas de vieux meubles de bureaux entassés à la place des sièges et on a projeté une vieille amorce de film (un compte-à-rebours), à l’endroit où l’on allait remettre un écran... Six semaines plus tard, on réveillonnait dans le chantier ! Un écran avait été monté sur un échaffaudage à roulettes, pour une performance son-images. Mais la vraie inauguration publique, c’était le 23 janvier 1997, premier soir de notre programmation. A l’heure d’ouvrir, on forait encore des étagères dans le bar, les fauteuils de la salle étaient à peine vissés et les derniers essais techniques venaient de se terminer. Pour ces tests, on s’était servis d’une bande annonce hollywoodienne (Steven Seagal à l’affiche !) et malgré ça, ce fut un moment magique. Quelques instants plus tard, le premier film projeté en public fut "L’île aux fleurs". La salle était comble...
‹ Est-ce que tu travaillerais encore au Nova si tu étais payée ?
Mercédes : Pour moi la question ne se pose pas en ces termes. Je suis pour le revenu universel. Et je suis pour le bénévolat.
‹ Quel est approximativement le pourcentage de végétariens au Nova ?
Gérald : Extrêment difficile à dire car ceux qui préparent des repas, lors d’une occasion X ou Y et ceux qui font les courses sont à chaque fois végétariens. En tous cas s’ils sont minoritaires, c’est qu’ils sont bien organisés pour prendre les choses en main. Tant pis pour les carnivores !
‹ Est-ce que tu sais combien de personnes travaillent au Nova ?
Marie-Eve : Oef ! De inzet in Nova verschilt sterk van persoon tot persoon, gaande van een keer per maand de kassa doen tot nachtelijke sessies op het bureau om het programmakrantje klaar te stomen. Bovendien zijn er heel wat sympatisanten die ook af en toe een handje toesteken, die langskomen in Nova en plots achter de bar staan omdat de barman/vrouw van dienst plots geconfronteerd wordt met tientallen dorstige blikken... Er zijn er ook een heleboel die een tijdje actief meedraaien, maar omwille van allerlei redenen niet meer meedoen, en dan weer terug inspringen. Of die zich toespitsen op iets heel specifiek, vertalingen bijvoorbeeld. Een exact cijfer kan ik er onmogelijk opplakken. Vandaar een ruwe schatting : een zeventigtal.
Wat vind jij de beste film ooit in Nova getoond ? En de slechtste ?
Katia : Ouf ! Ca c’est le genre de question à laquelle je ne peux et ne veux pas répondre ! C’est un peu comme si on me mettait face à un questionnaire où il faut répondre par un "oui", un "non", ou un peut-être". Je pense qu’au Nova il y a eu des deux, des films "beaux" et des "laids". Après je pense que tout se résume à une question de contexte : le fait de connaître ou pas les circonstances dans lesquelles un film a été fait, les circonstances dans lesquelles on découvre un film et, très important, l’état d’âme ou d’esprit dans lequel on est quand on le découvre ! Alors donner le titre d’un film, comme ça... niet, je ne peux pas !
‹ Quels sont les champs électromagnétiques qui influencent le Nova ?
Rudy : Les champs bizarroïdes, alternatifs et humoroïdes.
‹ Imagines-tu de ne plus travailler au Nova ?
Windy : Met een beetje verbeeldig moet dat wel lukken, maar het zou van slechte smaak getuigen door er reeds op te anticiperen.
‹ Zijn de criteria « zeldzaam » en « weinig vertoond« juiste criteria voor jou ?
Andy : Als algemene doelstelling voor de cinema nova kan dit wel gelden, maar er zijn misschien situaties waarbij de projectie van meer gevestigde films de programmatie kan verrijken (bijvoorbeeld als sleutelfilm rond een bepaalde thematiek of om de klassieke inspiratiebronnen van meer experimentele filmmakers te illustreren).
‹Wat zijn onmisbare elementen voor jou in Nova ?
Thierry : L’aspect social et l’aspect alternatif.
‹Dans quel sens le contexte urbain est-il crucial pour le fonctionnement du Nova ?
Aurélie : C’est normal ! Le Nova nait d’un cataclysme stellaire né de la rencontre de l’étoile avec une nébuleuse galactique - l’étoile s’enflammant en quelque sorte par frottement. Ca explose. Ben ouais, c’est normal. Et l’agitation moléculaire due à cette explosion provoque une élévation thermique suffisante pour enflammer les matières environnantes. C’est normal. Mais pour que cette explosion ait lieu, il faut que l’étoile rencontre une nébuleuse, ok ? Donc, ça ne peut arriver que dans une agglomération : la voie lactée, tu comprends ? C’est NORMAL.
‹On dit que le fonctionnement du Nova n’est pas hiérarchisé. Qu’en penses-tu ?
Claire : Le Nova n’est pas hiérarchisé au sens pyramidal classique, avec la petite pointe au sommet qui organiserait toutes les pierres du dessous. Ce serait plutôt un fruit avec son noyau dur, autour duquel il y a de la chair (les bénévoles hors noyau) et enfin la peau (le public ?).
‹Le Nova, est-il iconoclaste ?
Fabien : Y a que des hurluberlus pour poser ce genre question.
‹ Fait-il chaud au Nova ?
Prof. Noïz : Sans doute la chaleur n’est-elle pas uniformément répartie de la cabine de projection au bar, en passant par la salle de spectacle, la kitchenette ou les toilettes. Tout dépend de l’appréciation qu’on se fait de la chaleur émise, transmise ou attendue, fantasmée ou non. Ce qui est presque certain de l’avis unanime des animalicules étranges qui fréquentent ces lieux c’est que le foisonnement d’images en mouvement éclaboussant l’écran de leur irrépressible attrait induit chez ces spectateurs actifs un échauffement de la masse cervicale, ce qui a pour effet de donner chaud aux joues, aux tripes et au reste (pour parler vulgairement).
‹ Y-a-t-il une vie derrière l’écran ?
Luca : C’est un peu comme demander si la vie peut exister au-delà de ses infinies représentations. Le cinéma, en tant que langage complexe, est dans la mesure de représenter des réalités complexes, qu’elles soient intérieures ou exterieures. Il peut offrir une fuite de la réalité, mais il peut aussi nous contraindre à réfléchir à la réalité. Mais peut-être il n’est pas important qu’il y ait une vie au-delà de l’écran. Pour moi ce qui est le plus important c’est que le cinéma nous parle de nous-mêmes, de nos peurs, de nos questionnements et de nos immenses potentialités. En parlant de nous-mêmes, le cinéma nous permet de parler à nous-mêmes : ce qui peut-être est la chose dont nous ressentons le plus le besoin.
‹ Quand est-ce que la forme devient substance ?
Dirk : Wanneer achtereenvolgens Nicolas Roeg, Alex Cox en Shinya Tsukamoto met hun klikken en klakken over het opstapje achterin de zaal donderen...
Wanneer een uiterst zeldzame en dus met haken en ogen aaneengeplakte 35mm copie voor de tweede keer in brand vliegt onder luid gejoel van het publiek dat dankbaar de gelegenheid te baat neemt om een nieuwe drink-, rook- en plaspauze in te lassen...
Wanneer foul muthed big bad aaaaas black and white mama’s with big guns and boops zodanig het scherm teisteren dat de boksen kraken...
Wanneer The Tingler vanop het balkon op het hoofd van een nietsvermoedende toeschouwer belandt...
Wanneer het enige echte kotszakje, speciaal ontworpen voor H.G.Lewis’ gore films, openscheurt...
Wanneer de helft van het natgespoten, in rijst en confetti gedrenkte publiek de « Time Warp » danst of enkele rabiate konijnenhaters « We all need love » meebrult...
Wanneer de zaal lacht, de opvouwstoelen kraken en het ruikt zoals het alleen na een uitverkochte (zijn er nog stoelen ?) en slecht geventileerde middernachtvoorstelling kan ruiken...
Dan zeg ik, amaaai, wat kan cinema toch schooooon zijn !!!
‹ Pourquoi les nocturnes commencent-elles à minuit ?
Jean-Louis : A minuit. Il doit être minuit. L’heure où il fait noir. L’heure où chaque photon qui touche l’écran, éveille une particule bien particulière en nous. Nous devenons "animal" ou monstre. Tout se transforme. Le carosse de Cendrillon change en citrouille et les crapauds deviennent grenouilles.
‹ Qu’est-ce qui est exquis, au Nova ?
Yacine : Exquis ? c’est quoi ça exactement ?... très bon ! ok un truc très bon au Nova ?
Le café est bon, mais pas exquis. La soupe quand il y en a est plutôt bonne aussi. Les filles sont... non, il faut pas trop les flatter et puis c’est comme partout, variable. Le vert dans les toilettes...? Le brouhaha au bar quand il y a foule. Et plein de petites choses encore, de petits moments, des émotions, oui c’est ça ! plein d’émotions.
Je tourne autour du pot, mais je crois que la réponse est dans le pot, l’âme (si je puis me permettre) de ce projet.
‹ Pourquoi tu milites ?
Fabrizio : (refrain x2) Je milite pour démilitariser les mites qui m’irritent avec leurs mythes miteux... Je milite comme un tireur d’élite en fabricant 1000 hits sans limites... toujours sur le beat yoooo !
‹ Quelle est pour toi la musique, la chanson, le morceau... qui s’approche le plus du collectif Nova ? Pourquoi ?
Nicolas S. : "Words (Don’t Come Easy)" de F.R. David. Pourquoi ? Parce que c’est mon émotion musicale la plus marquante au Nova. Une certaine soirée de novembre 2002, bien avancée, les bouteilles presque vidées, l’ambiance familiale de la cave peuplée d’une dizaine d’irréductibles, et cette chanson en boucle qui, malgré tout, nous plonge dans une certaine euphorie.
‹ Selon toi, quelle est la place du Nova dans le paysage culturel bruxellois ?
Patrick : Naar mijn gevoel, neemt de Nova een unieke plaats in. Alléén al de visuele look en de bar (het hart van de de artisjok), onderscheiden zich van de andere cinefiele oorden. Maar de Nova gaat verder dan het onderwerp "cinema". Ik denk hierbij aan bv : de gastentafels, de ontmoetingen... Tevens is de Nova begaan met Brussel en vestigt de aandacht op de problemen eigen aan deze stad (PleinOPENair). De Nova houdt vast aan haar rebels karakter, steunt op vrijwilligers en is méér dan vermaak.
‹ Hoe zit het met de liefde en verleiding in Nova ?
David L. : L’amour me semble être le liant essentiel et commun de cette aventure où la séduction beaucoup plus personnelle devient l’épice qui de jour en jour libère des parfums parfois piquants, suaves, amers ou envoûtants.
‹ Dans quelles mesures le Nova devient-il la matrice de nouveaux projets plus personnels, plus collectifs ?
Erick : Au Nova, les "projets" sont avant tout des programmations. Car le Nova est d’abord un lieu de cinéma. Les meilleures programmations sont peut-être celles qui partent d’une envie très personnelle (même si celle-ci peut être partagée ensuite par plusieurs personnes). Cela peut être l’envie de défricher un territoire cinématographique inconnu ou l’envie de rapprocher des univers cinématographiques par le biais d’une thématique, etc. Au bout de son parcours, le "programmateur" s’est construit une vision personnelle qui traverse les films et qui tissent des liens organiques entre eux.
Pour revenir à la question de départ, le degré de "personnel" est donc l’affaire du programmateur. Mais sans le collectif, il n’y aurait pas de programmations.
‹ Le talent de se curer le nez est-il compatible avec le Nova ?
Yvan : Non : si on va trop loin, ça pourrait endommager le cerveau.
‹ Si le Nova était une bière, quel genre de bière serait-ce ?
Dominik : Bière blanche typiquement bruxelloise, le nova pourrait être un lambic à double fermentation. Une première plutôt lente lui procure une riche suspension en cinélements brassés par touches personnelles. C’est inhabituel, la deuxième fermentation se passe dans l’estomac du buveur et lui donne un goût particulier. Tout abus est vivement conseillé, attention aux drosophiles.
‹ Est-ce que le Nova est une Utopie ?
Philippe Brrr : Si oui, alors pince-moi, je rêve... Aïe !