Que l"action dure quatre jours et se déroule dans une station balnéaire de Floride, il faudra le croire : c"est dans un atelier sans lumière du jour, hors du temps et du monde, que sont filmés sept ou huit travailleurs et leurs relations amicales et professionnelles. Ici, l"atelier est un studio et les deux objets manufacturés, produits en parallèle, seront un disque et un film. S"y affairent : un ingénieur du son, un producteur, le pianiste Tony Hymas, le saxophoniste Sam Rivers, une cadreuse, un perchman et la cinéaste Pascale Ferran ("Petits arrangements avec les morts"). Faisant fi d"une triple méconnaissance (du jazz, de l"anglais, du documentaire), refusant voix off et interviews, les deux femmes avec leur deux lourdingues caméras obsolètes captent avec une finesse extra-ordinaire les ondes, tant positives que négatives, qui passent entre deux musiciens "séparés par l"image quand ils jouent, réunis dans l"image quand ils se réécoutent" (d"après J-L Comolli)