L’application de l’art à des fins thérapeutiques n’est pas un concept nouveau. La Grèce antique, tout comme la plupart des cultures traditionnelles, considérait que les arts avaient un effet cathartique et thérapeutique. Au début du XXe siècle, le psychiatre suisse Carl G. Jung avait déjà lui-même expérimenté les bienfaits de s’exprimer par le dessin. Il a ensuite intégré cette approche dans sa pratique. Hans Prinzhorn, médecin psychiatre à Heidelberg, collectionna des oeuvres de malades mentaux et publia à leur propos une étude fondatrice, dans les années 20. Toutefois, l’art-thérapie n’a fait son entrée officielle dans notre société contemporaine que vers les années 30. Elle s’est d’abord introduite en Angleterre et aux États-Unis grâce à Margaret Naumburg, enseignante et psychothérapeute reconnue comme l’une des pionnières dans le domaine. La plupart des structures psychiatriques ont aujourd’hui un atelier artistique en leurs murs et orientent leurs usagers vers une démarche créatrice, qu’elle soit plastique, littéraire, musicale ou autre. Selon le psychanalyste belge Jean Florence, les démarches thérapeutique et artisque ont des objectifs différents. Le thérapeute vise le mieux-être du participant, par la médiation d’un atelier artistique ; l’artiste vise à produire une oeuvre, à mettre en branle une recherche dont l’art est son propre objet. Dans la pratique psychiatrique actuelle, les deux démarches semblent se côtoyer. Par ailleurs, il est intéressant de faire un parallèle entre l’art-thérapie et l’art brut, un mouvement lancé en 1945 par le peintre français Jean Dubuffet, à cause de la similarité du processus créatif qui vise essentiellement l’expression spontanée et personnelle.