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Films

Peter Watkins, 1973-1976, NO-SE, 35mm, vo st fr, 165

"La maladie, la folie et la mort sont les anges noirs qui ont veillé sur mon berceau à ma naissance", disait Edvard Munch (1863-1944). Très tôt marqué par la mort et la folie, ces thèmes sont récurrents dans l’art du peintre norvégien. Sa mère et une de ses soeurs meurent alors qu’il est encore enfant. Sa deuxième soeur sera atteinte de folie. Munch vit alors dans l’angoisse de ce lourd destin familial et prendra le pinceau pour exprimer son tourment. Son art est intimement lié à son histoire personnelle. Evitant les normes de représentation et de montage des films biographiques, Peter Watkins a ajouté des éléments très personnels et subjectifs à cette biographie des jeunes années de Munch, aux prises avec les conventions et le puritanisme de son époque. Par un montage audacieux, revisitant les techniques documentaires et narratives, Watkins pousse un "cri" personnel autant qu’il dresse le portrait de l’artiste et de son milieu. Considéré par beaucoup comme un des très rares films autobiographiques de qualité, "Edvard Munch" est sans doute la meilleure oeuvre jamais consacrée à l’acte créatif et à la peinture. Un chef-d’oeuvre, réalisé à l’époque pour la télévision suédoise et projeté en avant-première dans sa version cinéma.

Le film sera introduit par Patrick Watkins, le fils du réalisateur.

11.11 > 20:00


+ André Robillard, à coup de fusils !

Henri-François Imbert, 1993, FR, video, vo fr , 16

Depuis 1964, André Robillard fabrique des fusils avec des matériaux de récupération. Le docteur Renard a envoyé un de ceux-ci à Jean Dubuffet, collectionneur d’art brut. À son tour, celui-ci fit exposer plusieurs de ces fusils au musée de l’Art Brut à Lausanne. Cette reconnaissance l’a bouleversé et stimulé à en créer des dizaines d’autres. Dans ce film tourné dans un style très "direct", l’artiste nous fait part de son enthousiasme d’être bientôt exposé à Cologne. Ce film témoigne de l’importance d’être connu, voire reconnu, en tout cas accepté comme artiste.

+ Ik ben een psychopaat [Je suis un psychopathe]

Steven Batselier & Gust Dierickx, 1970, BE, 16mm, vt fr , 40

Le psychologue et criminologue flamand Steven De Batselier, lié à l’époque au projet thérapeutique non-conventionnel "Passage 144" à Louvain, a co-signé ce travail autour de l’univers torturé d’un psychopathe criminel. Le film est construit au moyen, d’une part de textes poético-autobiographiques du détenu, que l’on ne verra jamais, et d’autre part de ses hallucinants dessins, qui nous mettent en contact avec des pensées et sentiments d’un sinistre accompli.

+ Rencontre
Jean Florence, psychocritique, et Tanguy de Foy, animateur d’un atelier thérapeutique au Centre Chapelle-aux-Champs, débattront des diverses tendances thérapeutique ou artistique existantes dans les ateliers d’art-thérapie, ainsi que du rôle de l’animateur dans ces ateliers et de la nécessité de porter aux cimaises les oeuvres des principaux intéressés.

12.11 > 20:00


Pour cette soirée inédite, la folie appelée "la maladie du vent" nous emmène vers d’autres horizons : en Afrique. Là où les personnes habitées par "les mauvais esprits" ne sont pas exclues de la société. Au contraire, ils en font partie et pour les soigner, il y a des rituels. La folie se soigne en collectivité, par la représentation scénique qu’on en fait et par l’expression corporelle. Ces personnes participent à une cérémonie pour rencontrer des esprits ancestraux. Passant par des sacrifices, des rituels, des danses, etc., ils accèdent à un niveau de transe qui les délivrent de la maladie du vent. Une thérapie qui épate encore toujours beaucoup de médecins occidentaux.

> 20:00 :

+ Les maîtres fous

Jean Rouch, 1955, FR, video, vo fr , 36

Au Ghana, les "houakas" (littéralement, "maître de la folie") sont animés par l’esprit de la force. En 1953, donc avant son indépendance, Jean Rouch a filmé une cérémonie houaka. Les participants sont possédés par des esprits bien fâcheux, ceux des administrateurs coloniaux, et se mettent à imiter l’homme blanc (et sa femme). Ce monument ethnographique plaisait beaucoup aux surréalistes français pour ses images de rituels extatiques, jugées choquantes à l’époque, et pour son analyse marxiste de la situation des colonisés. Caméra à la main, Jean Rouch, qui nous a quittés en février dernier, réalise un portrait mordant de rituels altérés, parodie sanglante des parades officielles et militaires du colonisateur. Au Ghana, les autorités britanniques avaient censuré le film parce qu’il constituait un outrage à la Reine. Les haouka auraient sans doute bien aimé voir le film projeté pendant une de leurs cérémonies de transe, ce dédoublement étant sûrement propice à une rencontre exceptionnelle avec les esprits. Seront-ils parmi nous ce soir ?

+ Le n’doep

Michel Meignant, 1967, FR, video, vo fr , 45

Le rite le plus spectaculaire d’Afrique se joue pendant sept jours et sept nuits, dans la grande banlieue de Dakar. Longue cérémonie magique destinée à la guérison des fous, le n’doep appartient au petit peuple des Lébous, ethnie du Sénégal. La cérémonie se déroule dans la concession de la famille du malade. Le diagnostic s’impose dès lors qu’un membre de la famille est affecté par un comportement anormal, parfaitement codé : frissons, mélancolie, passivité extrême, perte d’appétit. D’eux-mêmes impuissants à soigner ces symptômes avec les antidépresseurs, les médecins formés à l’occidentale orientent volontiers ces "déprimés à l’africaine" vers le traitement traditionnel. Il s’agit de "guérisseuses". Le rite du n’doep appartient aux femmes, et à elles seules. Une rencontre de la médecine occidentale et le rituel thérapeutique du n’doep.

+ Rencontre :
Ces deux films documents seront présentés par deux experts des rituels d’Afrique noire : Michel Meignant, ami de Jean Rouch, réalisateur de films médicaux et thérapeute, et Philippe Woitchik, ethnothérapeute et psychologue. Ils nous parleront de ces cérémonies en tant que thérapies, ce qu’elles représentent pour les Africains et leur rôle dans les approches ethnopsychiatriques occidentales.

> 22:00 :

Rencontre :
Dans la seconde partie, nous accueillerons Olivier Ralet, philosophe et spécialiste des rituels d’Afrique du Nord, qui nous fera découvrir des extraits filmés par Tony Gatlif ("Exil") d’une cérémonie des Hamadcha (Maroc). Il nous expliquera les différents rites de cette cérémonie, qui est fort semblable à celle des Gnawa, et ses effets thérapeutiques.

+ Concert Gnawa : Oualad Bambara
"Le monde invisible des musulmans partage avec celui des juifs et des chrétiens d’être peuplé d’anges, de prophètes, de saints et de démons, mais a ceci de particulier qu’il compte également des entités spirituelles qui, comme les humains, balancent entre le Bien et le Mal : les djinns. Ils ont la capacité "d’habiter" des êtres humains, ce qu’en français on nomme "possession". Cela peut occasionner des troubles comme la stérilité, l’impuissance, des paralysies, ou simplement des angoisses et des insomnies. Ces êtres invisibles ont une couleur et une odeur préférées, et chacun d’eux a un air de musique qui l’attire irrésistiblement. Dès ses débuts, l’islam a développé une tendance mystique appelée soufisme, organisée en "Voies" où l’on invoque Dieu. Certaines parmi les plus populaires de ces Voies, comme les Gnawa et les Hamadcha, se sont spécialisées dans des rituels où par les couleurs, les odeurs et surtout la musique, on "convoque" les djinns - c’est-à-dire que l’on provoque des transes de possession - dans le but de négocier avec eux qu’ils cessent de tourmenter les humains qu’ils habitent" (Olivier Ralet).

Des odeurs et des couleurs, une musique qui attire, voilà "Oulad Bambara" au Nova. Ce groupe Gnawa originaire du Maroc, avec son guembri (instrument à cordes et percussion), ses krakebs (sorte de castagnettes en métal) et ses tambours, viendra présenter sa musique rituelle : "La Lila" (La nuit). Des chants arabes sur des rythmes répétitifs africains, de la danse et des vibrations... cela sans fin. Cette musique de transe éveillera peut-être les invisibles. Ne les ratez pas !

http://www.membres.lycos.fr/ouladbambara/

03.12 > 20:00 + 03.12 > 22:00


Renaud Victor, 1975, FR, 35mm, vo fr , 93

"A TROP se pencher sur eux, c’est la meilleure position pour recevoir un coup de pied au derrière". Fernand Deligny, c’est une ligne, des lignes, ces remarquables "lignes d’erres" (transcriptions des déplacements et des agirs des enfants mutiques) qui ont fait rêver Gilles Deleuze et Félix Guattari. C’est aussi, dés 1945, son livre "Graine de crapule. Conseils aux éducateurs qui voudraient la cultiver". C’est être inlassablement avec les incurables, les invivables. En 1967, il s’installe définitivement dans une petite maison dans les Cévennes et crée un réseau de "présences proches". Il était une fois un NOUS et c’est justement là que nous mènent ce film-carnet-notes. Là, LOIN. Loin de ces "lieux prévus pour", "lieux exprès", "lieux tout à fait pour"... LOIN de la "loi du langage" oppressante. En plein milieu des Cévennes, en plein milieu d’une "tentative" : tracer des lignes "afin de voir ce qui (ne) nous regarde pas", "afin de voir ce que notre regard aveugle de parlant à bien du mal à voir". Ce film prend son temps, prend le rythme des "tentatives" et laisse tout s’entremêler, une vieille cafetière, quatre pierres plates, la nourriture qui cuit, l’eau, le feu, l’abri, le territoire, les trajets... Quiétude. "Personne ne cherche à savoir de quoi ils sont atteints, nous sommes à la recherche de ce qui nous manque pour être existant à leurs yeux"... Film-hommage aussi, à ce gamin-là, Janmari.

12.11 > 22:00 + 04.12 > 22:00


Englar Alheimsins

Les anges de l’univers

Fridrik Thor Fridriksson, 2000, IS, 35mm, vo st fr, 96

Paul est schizophrène et semble intégré dans sa famille, jusqu’au jour où, suite à une déception amoureuse, il pète un câble. Ses parents le conduisent à l’hôpital psychiatrique où il rencontre Oli Beatle qui pense être l’auteur des chansons des Beatles qu’il leur aurait envoyées par télépathie, Victor qui se prend pour Hitler et Pierre qui pense avoir écrit une thèse sur Schiller. Au bout d’un certain temps, Paul va mieux. Il retourne chez ses parents. Mais peu après, il rechute et, comme au Monopoly : retour case départ, ou plutôt en "prison". Devenus de plus en plus dociles, Paul et ses amis de l’hôpital ont l’autorisation de sortir. Ils décident de se rendre dans un restaurant de haut standing afin d’y faire un somptueux repas. Au moment de l’addition, l’un d’entre eux demande au garçon de téléphoner à la police pour les ramener à l’hôpital psychiatrique. La fin est beaucoup moins drôle (mais on ne vous la donne pas)... Cette fiction met le doigt sur l’absence de suivi post-psychiatrique.

13.11 > 22:00 + 19.11 > 22:00


Ken Loach, 1971, GB, 35mm, vo st fr & nl, 108

Janice, une jeune fille de dix-neuf ans vit avec ses parents dans un pavillon de la banlieue londonienne. Ecartelée entre un père effacé et une mère dominatrice, elle se réfugie peu à peu dans un mutisme qui la conduit à être internée. De tranquillisants en électrochocs, son état se détériore. Tout en refusant de se plier aux codes d’une société conformiste, Janice ne trouve pas les armes nécessaires pour conquérir son autonomie. Exclue de la société, elle n’est plus traitée que comme un cas psychiatrique. Sur le thème de l’asile engendrant la folie, "Family life" est un réquisitoire contre le dogme parental de la "normalité" et l’intolérance médicale, et un virulent plaidoyer en faveur des théories de Laing (ici fictionnalisé par le personnage du Dr Donaldson), davantage centrées sur la parole et l’écoute. "Je pense que les schizophrènes ont plus de choses à apprendre aux psychiatres sur leur monde intérieur, que les psychiatres aux malades", aimait à dire le médecin anglais. Un film trentenaire qui nous fait froid dans le dos tant il parle encore de nos relations familiales actuelles.

13.11 > 20:00


Malek Bensmaïl, 2004, DZ-DE, video, vo st fr, 5

En suivant au quotidien médecins, malades et familles dans le service de psychiatrie d’un hôpital de Constantine, le film tente de comprendre les souffrances que peuvent vivre, aujourd’hui les Algériens et de cerner le malaise social dominant dans ce pays, les difficultés qu’il rencontre pour définir son identité collective et nationale. La société algérienne a été profondément bouleversée durant le siècle dernier. La colonisation tout d’abord, a mis en contact - violent - deux cultures. Depuis 1962 et plus encore ces dix dernières années, l’Algérie n’a cessé d’être travaillée par l’opposition tradition/modernité, valeurs religieuses/valeurs démocratiques. S’intéresser à ce qui se passe aujourd’hui dans un hôpital algérien de psychiatrie est une façon de prendre le pouls de cette société en s’écartant du tourbillon des événements et de leur médiatisation. L’auteur dédie son film à son père, l’un des fondateurs de la psychiatrie algérienne.

13.11 > 22:00 + 19.11 > 22:00


Jouko Aaltonen, 2000, FI, 35mm, vo st ang, 72

Kusum est une jolie adolescente de New Delhi qui semble atteinte d’un profond abattement sans qu’elle puisse en exprimer la raison. Ses parents la conduisent chez le médecin, à l’hôpital,... Rien n’y fait. Un guérisseur traditionnel conseille alors de l’emmener dans un village éloigné où subsiste une vieille querelle familiale. Dans le temple du village, une grande cérémonie est organisée au cours de laquelle les fidèles entrent en possession. Quelques temps après, on commence à noter chez Kusum les premiers changements... "Kusum" est un film bouleversant par sa capacité à nous faire entrer dans l’intimité d’une famille indienne désemparée ainsi qu’un remarquable document ethno-psychiatrique sur un processus thérapeutique. Après la vision de ce film, on ne peut que porter un regard différent sur la médecine traditionnelle et sur le culte des ancêtres. Rarement montré dans nos contrées - mis à part Kaurismaki -, le cinéma finlandais possède une excellente tradition documentaire. Plutôt classiques dans leur réalisation, ces films sont très bien construits d’un point de vue narratif et très bien filmés (souvent sur support argentique). "Kusum" de Jouko Aaltonen ne fait pas exception.

14.11 > 18:00


Asylum

Fous de vivre

Peter Robinson, 1972, GB, 16mm, vo ang , 96

Dans les années 60, Ronald Laing fonde dans la région londonienne plusieurs lieux d’accueils thérapeutiques ou "households", dont le but est de mettre les patients à l’abri des agressions de la psychiatrie traditionnelle. La communauté d’Archway est de 1969 à 1972 un des principaux lieux où va émerger un regard radicalement neuf sur la maladie mentale et où la "thérapie" consistera à tenter de responsabiliser les malades dans leur prise en charge et de leur rendre le pouvoir sur leur propre vie. C’est cet univers que le cinéaste américain Peter Robinson, flanqué d’une équipe légère, va explorer sept semaines durant. Il en a tiré un petit bijou de cinéma-vérité, loin des clichés sur les "fous". Et quand, dans une scène renversante, le père d’un patient explique, avec entrain, qu’il a loué les services d’une fille pour un rendez-vous avec son fils catatonique, on se demande qui est à enfermer... Archway ressemble un peu à une société tribale. David, l’intellectuel impétueux, entraîne tout qui l’écoute dans un discours sans fin sans cesse menacé d’auto-invalidation. Julia, consumée par le besoin émotionnel de clamer sa bonne santé mentale, régresse dans l’enfance. "C’est le seul témoignage filmé que nous ayons qui montre ce que nous pensons devoir faire pour - disons : pour les gens qui sentent que la société les a détruits" (Ronald Laing).

14.11 > 20:00


Tag der Idioten

Le jour des idiots

Werner Schroeter, 1982, BDR, 35mm, vo st fr, 105

Carole Schneider (Carole Bouquet, dans un de ses premiers rôles, plutôt déshabillé) est une jeune femme charmante autant qu’excentrique. L’insouciance d’une vie aisée et d’un milieu bien-comme-il-faut la laisse toutefois insatisfaite. Son petit ami semble bien incapable d’apporter la moindre réponse à ses demandes émotionnelles. Pour attirer l’attention sur elle, elle dénonce comme dangereux terroristes ses paisibles voisins. Par ce petit détail, le réalisateur pointe la paranoïa, savamment entretenue par le gouvernement, qui avait touché la société allemande pendant les "années de plomb". Ses outrances amènent Carol dans un asile psychiatrique assez étrange, qui peut être vu comme la métaphore d’une société avide de se débarrasser de tous ses "gêneurs". Werner Schroeter signe ici une oeuvre qui, si elle renoue avec la structure narrative linéaire (après une série de films-collages expérimentaux), utilise pour traduire l’état d’esprit de sa protagoniste des séquences hallucinées, dont le montage sert à créer une désorientation spatiale et temporelle. L’essentiel de la signification du film est délivré par le corps de Carole, ses expressions faciales et sa gestique, bien plus que par les dialogues. Un film âpre et complexe qui fait voler en éclat toutes les prison-asiles du désir. Il a reçu en Allemagne le Bundesfilmpreis de la meilleure réalisation.

14.11 > 22:00 + 27.11 > 22:00


+ Bouche sans fond ouverte sur les horizons

Thierry Zéno, 1971, BE, 16mm, vo fr , 26

Le peintre et écrivain belge Serge Moinet a passé douze années d’internement dans un asile psychiatrique, et s’est réfugié pendant dix ans dans un mutisme complet. Devant la caméra de Thierry Zéno, dont c’est la première réalisation avant le sulfureux "Vase de noces", il parle, parle beaucoup, lit des papiers, explique ses tableaux et sa conception du monde qu’ils illustrent, une cosmogonie personnelle liée au fonctionnement du cerveau et de la cellule, à la réverbération de la pensée. A son discours, à peine audible, cohérent dans la logique "folle", fait écho, à l’arrière plan, le brouhaha d’une salle d’hôpital. Thierry Zéno a choisi de filmer le visage du peintre comme ses tableaux, en gros plan. Il se rapproche des yeux, de la bouche, de la barbe, du menton, comme il capte un fragment de tableau. Dans l’art brut, plus encore qu’ailleurs, la personnalité et la création sont liées.

En présence de Thierry Zéno.

+ Les dents du singe

René Laloux, 1961, FR, video, vo fr , 12

En 1960, René Laloux organise un atelier à La Borde avec l’aide de Félix Guattari. Dix malades inventent les dialogues et le scénario de son premier film. Un dentiste vole les dents des pauvres pour les revendre aux riches. Heureusement, un singe à vélo passait par là...

+ Swimming in a Sick Head

Victoria Hung, 1999, GB, video, vo ang , 3

Film d’animation mêlant diverses techniques (dessins, photos, modelage, film traditionnel) réalisé à l’occasion d’un atelier d’art-thérapie par des patients anorexiques ou boulémiques.

+ Rencontre et débat
Quand la psychiatrie s’intéresse à l’art, deux démarches semblent se côtoyer : d’une part, l’art-thérapie et d’autre part des ateliers artistiques animés par des créateurs qui se revendiquent comme non-thérapeutes. Pour interroger ces deux pratiques, nous avons invité à débattre le centre de jour "Den Teirling" de Bruxelles ainsi que l’artiste-thérapeute Jan Vandromme et l’analyste et philosophe des arts Joannes Késenne qui travaillent tous deux au "Centre Bruno Renson" de Genk.

18.11 > 20:00


René Féret, 1975, FR, 35mm, vo fr , 80

"J’étais acteur de théâtre. Mon père est mort prématurément. J’avais 22 ans. Je l’ai très mal supporté. Alors que je jouais un très grand rôle dans une pièce de Dario Fo en Bretagne, j’ai fait une sorte de dépression nerveuse. Je tombais dans les pommes en scène. Je devais culpabiliser d’être encore en vie. Je ressentais le vertige d’une problématique vaste et mystérieuse qui allait être la source des sujets de mes films à venir. Mais j’étais encore très loin du cinéma. Ma déprime a été dramatique. J’ai fait une tentative de suicide, heureusement ratée, qui m’a mené dans un hôpital psychiatrique, dans le Nord, à Armentières. Juste pendant les événements de mai 68... J’en suis sorti trois mois après, marqué par ce que j’y avais vu : le malheur de la folie, l’enfermement, la force de l’institution, les groupes : médecins, infirmiers, malades... Je n’ai eu de cesse de raconter ça à mes amis. Six ans après, j’ai eu la force d’écrire un scénario et de chercher les moyens de réaliser un film" (René Féret). Prix Jean-Vigo en 1975.

+ Charlotte quelque part

Jean-Baptiste de Laubier, 2003, FR, video, vo fr , 13

Charlotte a écrit son journal à l’hôpital Sainte-Anne entre 1998 et 1999. Mis en images avec une grande sensibilité par son frère, ce texte est mis en rapport avec le quotidien de personnes anonymes, croisées dans les rues de Paris. Un voyage dans les confins de l’âme...

19.11 > 20:00


The Brood

Chromosome 3

David Cronenberg, 1979, CA, 35mm, vo ang st fr, 90

Bienvenu dans le monde de la "psychoplasmatique" du docteur Raglan, le modèle ultime de la thérapie ! Docteur Raglan n’est pas n’importe qui quand même, c’est un vrai psychiatre, diplômé scientifique. Cronenberg signe ici son seul film autobiographique qui est pour lui une version très personnelle de "Kramer contre Kramer"... Film culte, d’une tension extrême qui nous propose une version radicale des maladies psychosomatiques qui créent une interaction inhabituelle entre troubles psychiques et manifestations organiques. Désormais nous prendrons plus au sérieux nos réactions somatiques du type : eczéma, pustule et autres signes émis par notre corps et nous nous méfierons peut-être de ce que nos rêves peuvent enfanter. "Tu veux venir dans mon monde ? Vraiment ?". Attention vous êtes prévenu !

19.11 > 24:00 + 26.11 > 24:00


Journée de projections et d’échanges autour de la pratique de la vidéo dans le champ de la santé mentale. 12 productions vidéo issues pour la plupart d’institutions psychothérapeutiques seront présentées par leurs auteurs. Inspiré par les "Rencontres" qui se déroulent chaque année à Paris, le principe de cette journée est d’accueillir conjointement des patients, soignants et toute autre personne ayant pris part aux films présentés. En soirée de 20h à 22h, 3 documentaires indépendants seront projetés en présence de leur réalisateur sur un vécu ou une vision personnelle de la psychiatrie.

Renseignements :
Psymages > psymages@equipe.be > 02/534.55.29

10:00 > 12:30 :
« Bruxelles City » (Club Antonin Artaud, B, 2004, 20’) + « Le jour des heures » (Code, B, 2004, 21’) + « Page d’intimité... Cinq lettres filmées » (C.A.T.T.P. Fr, 2003, 19’) + « Mary-Ann, Isabelle Prémand et le Foyer féminin » (CH, 2002, 15’)

14:00 > 17:00 :
« Vigade ? » (La Porte Ouverte, B, 2001 12’) + « Bande annonce » (La Petite Maison, B, 2003, 8’) + « C’est pas possible » (C.R.I.T., B, 2002, 22’) + « Il, Tu, Je » (Hakim Salem, B, 2003, 8’) + « Re-présentation » (C.A.T.T.P. Clauzel, Fr, 2001, 17’) + « Réflections » (Hôpital de jour Bordeaux, Fr, 2003, 8’)

20.11 > 09:00 + 20.11 > 14:00


Raymond Depardon, 1980, FR-IT, 35mm, vo it st fr, 98

Epigone français de Wiseman (dont le "Titicut Follies" en 1967 créait le scandale en montrant toute l’obscénité du traitement réservé aux pensionnaires d’une prison d’Etat réservée aux fous) et photographe renommé, Raymond Depardon décrit dans San Clemente (1982) un asile d’aliénés en mutation, dans une petite île de la lagune vénitienne. Là s’est construit une tentative de "psychiatrie alternative", inspirée par les travaux du docteur Franco Basaglia, l’un des militants essentiels du groupe Psychiatrica democratica, soutenu par le parti communiste italien, et inspirateur de la loi qui, en 1978, a fermé les asiles en Italie. "En fermant l’hôpital, déclare-t-il, nous annonçons aussi la fin de sa logique. L’asile est une institution de répression, de torture et d’isolement". L’idée maîtresse de Basaglia était qu’"une nation civilisée ne peut évoluer qu’en intégrant ce qu’on appelle ses tarés", c’est-à-dire qu’il ne faut pas exclure pour soigner, mais intégrer. En cela, il a voulu dénoncer la notion de confort social que représente le fait d’enfermer le malade mental pour être tranquille dans sa ville. Ce film a été tourné en dix jours, pendant le carnaval de Venise, peu de temps avant la fermeture de l’hôpital.

+ Contacts

Raymond Depardon & Roger Ikhlef, 1990, FR, video, vo fr , 13

Raymond Depardon passe en revue et commente lui-même les planches-contact du travail photographique sur "San Clemente", expliquant son approche et la replaçant dans le contexte de ses activités de reporter de l’époque.

20.11 > 18:00 + 02.12 > 22:00


+ La trilogie psychoactive

Xavier Ameller, 2000-2003, FR, video, vo fr , 18

Cette trilogie fictionnelle de courts métrages basés sur l’expérience personnelle du réalisateur raconte l’histoire de Yann, qui confie ses visions "angéliques" à un psychiatre. Interné, il témoigne depuis sa chambre d’hôpital grâce à un caméscope de sa vie en psychiatrie. Après une fugue, sans médicaments, Yann se retrouve seul face à ses visions...

+ Mentale Machine

Daniel Simonnet, 2002, FR, video, vo, 50

Basé sur un texte qui tente de traduire le délire de persécution d’un psychotique qui s’adresse le plus souvent à son psychiatre, le film tente par le biais d’ images de type expérimentales de figurer hallucinations, souvenirs, rêves.

+ Mary-Ann

Isabel Prémand, 2002, CH, video, vo fr , 20

Pendant une année, Isabel Prémand anime un atelier vidéo dont le projet est la réalisation de ce film-(auto)portrait avec Mary-Ann et Nicole du Foyer pour femmes souffrant de troubles psychiques.

20.11 > 20:00


Jean-Claude Lauzon, 1992, CA, 35mm, vo st fr & nl, 110

Il s’appelle Léolo Lozone et vit entouré d’une famille quelque peu dérangée. Sa mère a la force d’un grand bateau qui vogue sur un océan malade. Son père est convaincu que la santé vient en chiant. Il y a aussi ses soeurs Rita et Nanette, son frère Fernand, qu’il aime pour la tendresse de son ignorance et son grand-père, qui n’est pas un homme méchant, mais qui a quand même essayé de le tuer deux fois. C’est comme si l’hérédité de ce grand-père avait frappé la famille de plein fouet et qu’une petite cellule de trop s’était déposée dans le cerveau de tout le monde. Pour ne pas devenir fou, il lit et écrit beaucoup et s’envole sur les chansons de sa jolie voisine sicilienne. Ce film nous pose la question de l’hérédité. Peut-on vraiment y échapper ? Quels sont les moyens de résistances individuels d’un enfant dans un univers familial malade de la misère sociale et psychique ?

20.11 > 22:00


+ La forteresse sentimentale

Thierry Le Merre, 1997, FR, video, vo fr , 52

En 45 ans d’exil en psychiatrie, Louis Marie connaîtra, de placement en placement, la lobotomie, les viols, les passage à tabac, le cabanon, la faim, la camisole et l’abrutissement médicamenteux pour finalement conquérir sa liberté en construisant lentement "son histoire" de cet "enchaînement infernal" dans des entretiens filmés avec l’aide de médecins pendant dix ans. Pas à pas, Thierry Le Merre suit Louis qui réexplore les lieux de son errance psychiatrique et dont les mots dessinent l’inhumanité d’une psychiatrie asilaire. Thierry Le Merre prend soin de confronter le récit de Louis avec des rapports médicaux, des photographies d’archives et ponctue ce documentaire d’extraits d’entretiens filmés de Louis, comme autant de fragments d’une vie égarés en psychiatrie.

+ Maboul Palace

Atelier Vidéo du Code de l’Equipe, 2003, BE, video, vo fr , 20

Au départ de ce projet, il y a le désir des participants à l’atelier vidéo de réaliser une comédie sur le sujet de l’hospitalisation en psychiatrie. Partant des principes narratifs utilisés dans les films tels que "Jumanji", "The Cube" ou "Le prisonnier", le travail s’est effectué au départ des impressions, sentiments et souvenirs de patients du Code ayant raconté un séjour en hôpital psychiatrique. Ensuite, il a consisté à imaginer un univers ludique. Paul Cambier, un homme comme les autres, est soudain éjecté de son univers quotidien et "atterrit" brutalement dans le Maboul Palace dont il va progressivement découvrir les règles.

+ Rencontre
Luc Vigneault, ex-usager de la psychiatrie, consultant en santé mentale, viendra nous présenter le réseau d’entraide formé au Québec par des usagers et des professionnels de la santé mentale, et nous parlera de la gestion autonome des médicaments.

http://www.cam.org/~agidd/presentation.html

21.11 > 18:00


Jane Campion, 1990, NZ, 35mm, vo st fr & nl, 158

Ce film est l’adaptation de 3 autobiographies rédigées en 1983, 1984, 1985 par l’écrivaine néo-zélandaise, Janet Frame (1924-2004). Présenté à Venise, il reçoit le prix spécial du Jury en 1990. L’histoire évoque la vie tragique de la romancière, issue du milieu ouvrier et intéressée très jeune par l’écriture. Solitaire et incomprise, sa différence recevra le nom de "schizophrénie" et sera internée pendant 8 ans dans un asile psychiatrique. Elle devra sa libération à la notoriété que lui apportèrent ses récits. Jamais prix littéraire n’aura sauvé une vie au sens premier du terme. A travers ce vécu, on traverse le quotidien des institutions psychiatriques tel qu’il existait dans les années 40-50, découvrant l’inhumanité de certains traitements et les nombreuses erreurs commises par le personnel médical. Les derniers passages du film laissent entrevoir la révolution du secteur asilaire survenu dans les années 70 laissant plus de place à la parole et à l’écoute du patient.

21.11 > 21:00


+ Des grilles dans la tête

Guy Lejeune, 1980, BE, video, vo fr , 50

Filmé près de vingt ans avant "La Devinière" de Benoît Dervaux (1999), "Des grilles dans la tête" nous montre, du moins pour certains d’entre eux, les mêmes résidents, mais enfants ou adolescents. Guy Lejeune a tenté d’être au plus près de cette expérience nouvelle en Belgique. Il s’est adapté à l’univers de ces êtres fragilisés, les invitant à nous parler, les filmant comme ils sont, avec énormément de pudeur et de tendresse. Ils créent des cabanes, inventent des jeux, dessinent, tissent entre eux de nouveaux liens... Il n’y a pas de soins, non plus de médicaments. Pas d’ateliers ni d’activités organisées. Souvent, la famille a rompu les liens. Cet endroit autre permet à ces enfants de ne pas subir les mauvais traitements de l’hôpital. Selon Michel Hock, ce n’est probablement pas ce qu’il y a de mieux, mais c’est mieux que l’asile qui les a détruits. Le film a reçu en son temps la "Clé d’or" du film psychiatrique au Festival international de Lorquin.

+ Rencontre
Notre invité, Michel Hock, psychologue de formation, créa la Devinière en 1976, un lieu de d’accueil et de thérapie, ouvrant ses portes à des enfants dits incurables, refusés par tous. Pour lui, la psychiatrie est aujourd’hui influencée par les firmes pharmaceutiques, elle est devenue un enfermement chimique.

25.11 > 20:00


Nicolas Philibert, 1996, FR, 35mn, vo fr , 106

A La Borde, la clinique fondée par Jean Oury et Felix Guattari au début des années soixante, premier lieu de la psychothérapie dite "institutionelle", Nicolas Philibert filme la préparation et la représentation d’une pièce de Witold Gombrowicz par les résident(e)s et les intervenant(e)s. En s’attardant sur des presque-riens lors des répétitions, l’approche permet de percevoir comment des personnes souffrant de névroses ou de psychoses investissent le quotidien, créant des ponts entre eux-mêmes et le monde extérieur et où la moindre des choses peut être signifiante et délivrer un potentiel bienfaisant ; un geste, une attention, une atmosphère... La moindre des choses étant aussi, de la part des thérapeutes, d’être le moins nocifs possibles : être là, dans l’écoute et la connivence, ni juge, ni admiratif.

26.11 > 20:00 + 04.12 > 18:00


Lucian Pintilie, 1978, YU, 35mn, vo st fr, 96

Dans un village de l’Europe de l’Est à l’époque du "socialisme réel", le docteur Andrei Efimich travaille dans un centre psychiatrique et sa vie solitaire est marquée par d’interminables questionnements sur la vie, la mort et le sens de son travail. Son sentiment d’isolement est d’autant plus profond qu’il dédaigne les gens qui l’entourent. Un jour son attention est attirée par un des patients, considéré comme fou mais dont les délires ne sont autres qu’ un refus viscéral de l’idéologie qui règne dans son pays. Entre les deux naît une complicité bizarre, peut-être une amitié, qui entraînera Andrei à sa perte...

Basé sur une histoire de Tchekov, "Pavillon VI" est le premier film réalisé en exil par un des plus grands cinéastes roumains (il fut par la suite inscrit dans la liste des dix meilleurs films yougoslaves). Une parabole noire et absurde sur le pouvoir et le totalitarisme qui nie le droit à la liberté des idées.

26.11 > 22:00 + 04.12 > 18:00


Das Weisse Rauschen

Le bruit blanc

Hans Weingartner, 2000, DE, 35mm, vo st ang, 106

"Pour les médecins, j’étais schizophrène, mais pour la plupart du monde, j’étais seulement un idiot. En fait, je n’accordais pas d’importance à la façon dont les gens m’appelaient. Je cherchais simplement une vie qui me conviendrait". Lukas (Daniel Brühl, monsieur "Goodbye Lenin") cherche une vie qui pourrait lui convenir. En route vers Cologne pour rejoindre sa soeur, serveuse dans un bar, il fuit sa morne existence en province. Suite à la prise de substances hallucinogènes, les choses semblent changer radicalement et son cauchemar commence. Il entend des voix et devient obsédé par l’idée que ses proches, puis le monde entier, se sont ligués contre lui. La particularité de "White Sound" est de jouer sur la correspondance entre la perception de Lukas et les effets visuels et sonores. Au lieu d’en rester au huis clos familial, le film, conçu dans une logique de "road movie", le suit dans sa recherche du "son vierge". Premier long métrage, ce film rend compte de la difficulté de communiquer et traite avec sensibilité de la schizophrénie et tire parti de ses faiblesses pour rendre avec justesse la fragilité de cet état.

27.11 > 18:00 + 05.12 > 22:00


André Van In & Vincent Blanchet, 1979, BE, 35mm, vo nl st fr, 93

A la fin des années 70, Vincent Blanchet et André Van In ont planté leur caméra durant seize mois à Geel, à 45 kilomètres d’Anvers, une bourgade où des malades mentaux partagent la vie quotidienne des familles, sans contraintes ni préjugés. Là, depuis le XIIIè siècle, s’est poursuivie une tradition d’accueil des aliénés, à l’origine religieuse (sainte Dymphne ou Dympna, patronne du village, est la protectrice des aliénés), une forme de placement thérapeutique, l’"open door" (dans le jargon des spécialistes). En 1978, le village vit encore au rythme de ces pensionnaires, qui sont souvent devenus au fil des ans les enfants, les amis, les ouvriers agricoles, voire les nounous de leurs hôtes. Ils participent aux travaux de la ferme et semblent faire partie du paysage. Les habitants de Geel ne s’étonnent plus de leurs comportements parfois étranges. "Geel" tord le cou à tous ceux qui ne croient pas possible le placement en famille. Il s’agit d’une véritable alternative à l’asile, qui fait écho à la politique de réinsertion sociale des malades mentaux initiée en Italie par Franco Basaglia, ou, chez nous, à l’expérience des maisons communautaires des Peuls.

27.11 > 20:00


Ethnopsychiatrie

Le sexe des morts

Emmanuelle Ohniguian & Tobie Nathan, 2002, FR, video, vo, 2 x 50

"Nous ne sommes pas seuls au monde. Il existe d’autres pensées que la nôtre, d’autres façons de faire pour prendre en charge les douleurs de l’existence. Nous ne sommes pas seuls au monde. C’est par cette formule qu’en Afrique de l’Ouest, on reconnaît l’action des esprits qui viennent perturber la vie des humains" (Tobie Nathan). L’ethnopsychiatrie est un "art de l’influence", une médiation avec les ombres, les ancêtres, les esprits, et les dieux... Elle permet de penser la souffrance de ceux qui viennent en consultation à partir de leur propre langue et de leurs propres objets. Nous avons ici la chance de voir la reconstitution de deux consultations (initialement destinée uniquement aux étudiants) d’une famille réunionnaise par Tobie Nathan et son équipe selon le dispositif ethnopsychiatrique. Deux séances comme elles sont menées tous les jours depuis 1993 au centre Devereux à l’Université Paris VIII. Loin des polémiques sulfureuses suscitées par cette pratique, ce film est un étonnant et passionnant témoignage de cette méthode. Sommes-nous, nous aussi, prêts à prendre en compte le grand-père, mort et enterré qui revient hanter cette famille réunionnaise... et nous invite à de nouvelles possibilités de penser. Nous invite à négocier collectivement avec les "invisibles".

+ Rencontre :
Dominique Vossen, médecin psychiatre, nous parlera de Tobie Nathan et du travail de l’ethnothérapeute.

28.11 > 18:00


Matti da slegare

Fous à délier

Marco Bellocchio, Silvano Agosti, Stefano Rulli & Sandro Petraglia, 1975, IT, 16mm, vo st fr, 135

"Matti da slegare". Littéralement : fous à délier. Tout d’abord se délier de la fange des traitements des asiles italiens : maltraités, liés, ligotés, camisolés, jetés dans l’eau froide, électrochoqués et lobotomisés... Délier ensuite, pour composer, expérimenter de nouveaux rapports avec le monde, le cinéma. Documentaire-bougeotte qui sent la nécessité de s’y mêler, de se relier autrement, de respirer aux grands airs. Il faut aller vite. Ca brûle. Filmer des portraits, des asiles-prisons, des discussions animées, une confrontation avec un curé (superbe remake de Pepone et Don Camillo !), des usines où l’on célèbre "l’autre", des nouvelles expériences "hors les murs"... Le tout saupoudré de chants et musiques traditionnelles. Nous sommes ici dans le chaudron de l’anti-psychiatrie italienne, celle qui cherche à "démasquer dans la pratique que l’usine est nuisible pour la santé, que l’hôpital produit la maladie, que l’école produit des marginaux et des analphabètes, que l’asile rend fou, que les prisons fabriquent des délinquants et que cette production "inférieure" est réservée à la classe subalterne" (Basaglia).

28.11 > 22:00


+ Le psychiatre, son asile et son fou

Pierre Manuel & Jean-Jacques Péché, 1972, BE, video, vo fr , 66

En 1971, dans la section très fermée de la clinique Salve Mater à Lovenjoel, près de Louvain, la vie des pensionnaires présentée par trois psychiatres. Alec Luyckx est l’un d’eux, et il défend les thèses antipsychiatriques de ses confrères britanniques Laing et Cooper. Bon nombre de patients séjournaient dans l’hôpital depuis des lustres, faute de structure d’accueil en dehors de l’hôpital, beaucoup étant abandonnés par leur propre famille. Le film témoigne à cet égard de l’embarras causé par la révolution antipsychiatrique en milieu hospitalier. Alec Luyckx, notre invité, nous entretiendra de la structure d’accueil qu’il a mise sur pied et nous dira en quoi l’antipsychiatrie a changé sa pratique et peut-être celle de Salve Mater.

+ What you See is Where you’re at

Luke Fowler, 2001, GB, video, vo ang , 26

Ronald Laing et le Kingsley Hall à Londres n’est pas l’annonce d’une tournée d’une troupe de clowns, mais les noms d’un psychiatre anglais et de l’endroit dans la banlieue de Londres où il mena son expérience antipsychiatrique entre 1965 et 1969. Le documentaire est un montage d’archives expérimental, en partie dans une maison d’accueil où l’on voit le docteur Laing, ainsi que Mary Barnes, dont le "voyage à travers la folie" a fait l’objet d’un livre devenu le best-seller de l’anti-psychiatrie. Mary Barnes commente cette expérience trente ans après.

+ Rencontre :
Jean-Jacques Péché et Luke Fowler viendront nous présenter leurs films. Alec Luyckx nous entretiendra de son expérience de psychiatre, hier et aujourd’hui.

02.12 > 20:00


Pour cette soirée inédite, la folie appelée "la maladie du vent" nous emmène vers d’autres horizons : en Afrique. Là où les personnes habitées par "les mauvais esprits" ne sont pas exclues de la société. Au contraire, ils en font partie et pour les soigner, il y a des rituels. La folie se soigne en collectivité, par la représentation scénique qu’on en fait et par l’expression corporelle. Ces personnes participent à une cérémonie pour rencontrer des esprits ancestraux. Passant par des sacrifices, des rituels, des danses, etc., ils accèdent à un niveau de transe qui les délivrent de la maladie du vent. Une thérapie qui épate encore toujours beaucoup de médecins occidentaux.

> 20:00 :

+ Les maîtres fous

Jean Rouch, 1955, FR, video, vo fr , 36

Au Ghana, les "houakas" (littéralement, "maître de la folie") sont animés par l’esprit de la force. En 1953, donc avant son indépendance, Jean Rouch a filmé une cérémonie houaka. Les participants sont possédés par des esprits bien fâcheux, ceux des administrateurs coloniaux, et se mettent à imiter l’homme blanc (et sa femme). Ce monument ethnographique plaisait beaucoup aux surréalistes français pour ses images de rituels extatiques, jugées choquantes à l’époque, et pour son analyse marxiste de la situation des colonisés. Caméra à la main, Jean Rouch, qui nous a quittés en février dernier, réalise un portrait mordant de rituels altérés, parodie sanglante des parades officielles et militaires du colonisateur. Au Ghana, les autorités britanniques avaient censuré le film parce qu’il constituait un outrage à la Reine. Les haouka auraient sans doute bien aimé voir le film projeté pendant une de leurs cérémonies de transe, ce dédoublement étant sûrement propice à une rencontre exceptionnelle avec les esprits. Seront-ils parmi nous ce soir ?

+ Le n’doep

Michel Meignant, 1967, FR, video, vo fr , 45

Le rite le plus spectaculaire d’Afrique se joue pendant sept jours et sept nuits, dans la grande banlieue de Dakar. Longue cérémonie magique destinée à la guérison des fous, le n’doep appartient au petit peuple des Lébous, ethnie du Sénégal. La cérémonie se déroule dans la concession de la famille du malade. Le diagnostic s’impose dès lors qu’un membre de la famille est affecté par un comportement anormal, parfaitement codé : frissons, mélancolie, passivité extrême, perte d’appétit. D’eux-mêmes impuissants à soigner ces symptômes avec les antidépresseurs, les médecins formés à l’occidentale orientent volontiers ces "déprimés à l’africaine" vers le traitement traditionnel. Il s’agit de "guérisseuses". Le rite du n’doep appartient aux femmes, et à elles seules. Une rencontre de la médecine occidentale et le rituel thérapeutique du n’doep.

+ Rencontre :
Ces deux films documents seront présentés par deux experts des rituels d’Afrique noire : Michel Meignant, ami de Jean Rouch, réalisateur de films médicaux et thérapeute, et Philippe Woitchik, ethnothérapeute et psychologue. Ils nous parleront de ces cérémonies en tant que thérapies, ce qu’elles représentent pour les Africains et leur rôle dans les approches ethnopsychiatriques occidentales.

> 22:00 :

Rencontre :
Dans la seconde partie, nous accueillerons Olivier Ralet, philosophe et spécialiste des rituels d’Afrique du Nord, qui nous fera découvrir des extraits filmés par Tony Gatlif ("Exil") d’une cérémonie des Hamadcha (Maroc). Il nous expliquera les différents rites de cette cérémonie, qui est fort semblable à celle des Gnawa, et ses effets thérapeutiques.

+ Concert Gnawa : Oualad Bambara
"Le monde invisible des musulmans partage avec celui des juifs et des chrétiens d’être peuplé d’anges, de prophètes, de saints et de démons, mais a ceci de particulier qu’il compte également des entités spirituelles qui, comme les humains, balancent entre le Bien et le Mal : les djinns. Ils ont la capacité "d’habiter" des êtres humains, ce qu’en français on nomme "possession". Cela peut occasionner des troubles comme la stérilité, l’impuissance, des paralysies, ou simplement des angoisses et des insomnies. Ces êtres invisibles ont une couleur et une odeur préférées, et chacun d’eux a un air de musique qui l’attire irrésistiblement. Dès ses débuts, l’islam a développé une tendance mystique appelée soufisme, organisée en "Voies" où l’on invoque Dieu. Certaines parmi les plus populaires de ces Voies, comme les Gnawa et les Hamadcha, se sont spécialisées dans des rituels où par les couleurs, les odeurs et surtout la musique, on "convoque" les djinns - c’est-à-dire que l’on provoque des transes de possession - dans le but de négocier avec eux qu’ils cessent de tourmenter les humains qu’ils habitent" (Olivier Ralet).

Des odeurs et des couleurs, une musique qui attire, voilà "Oulad Bambara" au Nova. Ce groupe Gnawa originaire du Maroc, avec son guembri (instrument à cordes et percussion), ses krakebs (sorte de castagnettes en métal) et ses tambours, viendra présenter sa musique rituelle : "La Lila" (La nuit). Des chants arabes sur des rythmes répétitifs africains, de la danse et des vibrations... cela sans fin. Cette musique de transe éveillera peut-être les invisibles. Ne les ratez pas !

http://www.membres.lycos.fr/ouladbambara/

03.12 > 20:00 + 03.12 > 22:00


+ Camouflage

Jonathan Hodgson, 2001, GB, video, vo ang , 8

Un judicieux mélange de séquences filmées et animées qui illustre le témoignage poignant d’un enfant de schizophrène.

+ In Absentia

Stephen & Timothy Quay, 2000, GB, 35mm, sans dial, 20

Une femme, seule, dans une pièce, écrit de manière répétitive une lettre avec des morceaux de mine de plomb. Dehors, la lumière toujours changeante enregistre ses moindres gestes. Création graphique qui évoque avec une précision surprenante l’internement d’une patiente dans un hôpital psychiatrique, "In Absentia" fait partie d’une série de quatre films commandités par la BBC. La partition originale de Karlheinz Stockhausen, qui aurait déclaré, en voyant le film, qu’il était comme un de ses rêves, emporte le récit et libère le grain de la folie.

+ Love Is a Treasure

Eija-Liisa Ahtila, 2002, FI, 35mm, vo st ang, 57

Eija-Liisa Ahtila dépeint ici l’imaginaire de cinq femmes sous l’emprise de leurs obsessions. Le film recourt à des situations extrêmes ainsi qu’à des orchestrations de logiques parallèles, le tout teinté de fantaisie grâce aux animations digitales. Jouant sur nos différents états de conscience face à la réalité, "Love is a Treasure" est aussi une intervention sur le traitement psychiatrique en Finlande, et comment l’histoire sociale y pèse sur l’individu.

+ Revolution Nr 9

Philippe Auliac, 2004, FR, video, vo fr , 9

Ces images d’archives privées très rares nous présentent une succession de portraits et scènes du quotidien de pensionnaires de l’hôpital Sainte-Anne à Paris, au début des années cinquante. A cette époque asile d’aliénés, l’institut participe à la fabrication et au dosage des premiers neuroleptiques. Au travers d’un collage visuel sur une bande-son expérimentale de John Lennon et Paul Mac Cartney, le réalisateur compare discrètement l’arrivée de ces traitements à la consommation de LSD par les tenants de la beat génération.

04.12 > 20:00


Daniel Karlin, 1974-1975, FR, video, vo st fr, 60

Cette émission télévisée fait partie d’un ensemble de 4 documentaires dressant un portrait de Bruno Bettelheim (1903-1990), psychanalyste américain, d’origine autrichienne. La série a été diffusée sous le titre "Un autre regard sur la folie". Avec Marcia, nous découvrons la réalité d’une petite fille autiste enfermée dans son mutisme et le processus thérapeutique de l’équipe de Bettelheim à l’Ecole orthogénique de Chicago pour entrer en communication avec elle. Et de façon plus spécifique, le rapport affectif privilégié que Marcia entretiendra avec son éducatrice. L’Ecole orthogénique est née en 1947 et offre aux enfants autistes un "milieu thérapeutique total", dont le cadre de vie et la solidarité qui unit soignants et patients constituent l’esprit et le "ciment". Le traitement repose sur un principe essentiel : procurer à l’enfant un environnement à tout instant favorable. La vie quotidienne de l’institution n’est soumise à aucune règle disciplinaire, le personnel devant respecter tout ce que fait l’enfant. Les seules interventions visent à protéger l’enfant, à le rassurer, et les seules interdictions posées sont celles dont on pense qu’elles auront un effet thérapeutique.

+ Seuls

Olivier Smolders & Thierry Knauff, 1989, BE, 35mn, sans dial, 12

L’impermanence des choses, ici niée par le balancement compulsif des enfants autistes de la Petite Maison de Chastre, comme ultime pied de nez à la mort.

05.12 > 18:00


Colifata, en espagnol, signifie foldingue. Depuis une dizaine d’années résonne dans les rues de Buenos Aires et de toute l’Amérique latine, les voix des colifatitos, les résidents et résidentes de la clinique psychiatrique de la Borda. La radio des fous permet d’entendre tous ceux qu’on n’écoute plus. Animée par un psychothérapeute, les fous s’y expriment, parlent de leur vie, chantent, débatent, lisent leurs poèmes ou nous entretiennent de leur passion. L’auditeur est ainsi à nouveau confronté à cette folie que l’on veut nous cacher, rappellé dans sa différence et son étrangeté, et le fou relie avec le lien social qui fait défaut.

+ Vigade ? [Comment ça va ?]

François Pirotte, 2001, BE, video, vo fr , 50

Un groupe de neuf adolescents psychotiques partent pour la première fois en vacances avec l’idée de faire un film. Ils racontent leur séjour en camp de vacances au Luxembourg. "Ca" parle autrement, chacun trouve son rythme, ses vacances. Quatre d’entre eux réalisent chacun un court-métrage qui sera repris dans ce documentaire. La vidéo est mise au service d’un traitement de l’image de soi, du miroir, de l’imaginaire, du symbolique et du réel. Sur une idée d’Alessandro Damazzio, un des enfant et Frédéric Bourlez, animateur de l’asbl "La Porte Ouverte", qui viendra présenter son film.

05.12 > 20:00


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