Des OGM aux nanos

L’engouement actuel pour les nanotechnologies reproduit un peu ce qu’était "le miracle" des OGM, censés apporter solution à tout problème, censés en finir avec la faim dans le monde... On nous promet aujourd’hui une troisième révolution industrielle forcement bénéfique, forcement salvatrice et surtout inévitable, "naturelle". Le mot nanotechnologie est devenu un label pseudo-scientifique pour valoriser ou vendre tout et n’importe quoi, on place le suffixe "nano" et c’est gagné. Idem pour les budgets de la recherche, privée et publique. Si nano décrit juste l’échelle de travail, il est vrai que la maîtrise de l’échelle atomique permet d’envisager des applications extraordinaires, notamment en recoupant les sciences nano, bio, info, et cognitives. Le potentiel d’innovation fait rêver plus d’un chercheur et d’un industriel. Seulement les conséquences et les possibilités d’actions de la manipulation nanométrique sont encore mal connues. C’est précisément leur taille et les propriétés nouvelles de certaines particules qui les rendent potentiellement très dangereuses. A cela, il faut ajouter les possibilités ouvertes par les nanosciences qui toucheraient et bouleverseraient tous les secteurs industriels et tous les aspects de la vie en société. A l’heure où la massification des OGM est réelle, surgissent beaucoup de questionnements. Loin d’être nouvelles, toutes les inquiétudes liées aux OGM apparaissent seulement depuis quelques années dans les débats publics, et ces questions et ces doutes s’avèrent souvent bien légitimes. Pourtant aucune leçon n’est tirée et on reproduit le même schéma de test grandeur nature avec les nouvelles technologies. Face à cela, des citoyens se mobilisent et interpellent les différents acteurs de ces évolutions, puisque les questions sont gentiment éludées au niveau politique.