Cela faisait plusieurs années que Dogbowl, aka Stephen Tunney, n’avait débarqué à Bruxelles avec son univers déjanté. Que ce soit ses chansons enivrées de femmes ou de sexe, ses ballades aux histoires fantaisistes ou subversives, ses textes foisonnent de traits d’esprits, parfois puérils mais toujours assumés, sincères et souvent drôles, construisant un univers poético-lunatique singulier. D’autant plus que Stephen Tunney est aussi peintre (voir son expo dans notre foyer) et écrivain, ses diverses facettes se répondant, comme son roman post-apocalyptique halluciné "Flan" - publié en 1992 et tout juste ré-édité mais pas encore traduit en français - qu’il transforma aussi en "rock-opéra"... Ses mélodies sont efficaces, ses arrangements inventifs, certains morceaux d’une beauté déconcertante, d’autres plus basiques, où seuls sa guitare et sa voix se font entendre.
Issu, dès 1978, du mouvement punk-rock local de son New-York natal, évoluant vers l’expérimentation avant-gardiste, Dogbowl est devenu une figure majeure de la scène alternative outre-atlantique à l’instar d’un Daniel Johnston, d’un Eugène Chadbourne, ou plus récemment d’un Jeffrey Lewis, pour ne citer que ces songwriters éclectiques déjà passés au Nova... Sa discographie comporte à ce jour quelques treize albums, et même une quinzaine si l’on y ajoute les deux premiers de King Missile (Dog Fly Religion) qu’il co-fonda en 1987. Il est produit par Shimmy Disc, le fameux label de Kramer basé à Manhattan (2 LP sont co-signés avec ce dernier), puis en 1995 il passe par le label français Lithium (celui qui révéla notamment Dominique A), et enfin collabora en 2001 avec les bruxellois de 62 TV (Bang ! records) pour un réjouissant "Best of Dogbowl".
Ses tournées l’amènent jusqu’au Japon, mais il ne connaît qu’un succès critique ou "confidentiel" auprès d’un public averti. A la veille de ses 50 ans, Dogbowl n’a pourtant pas fini de surprendre et, tenant à son indépendance, produit désormais lui-même ses compositions avec son micro-label Eyeball Planet, qu’il distribue via son site internet (où l’on trouve un album live en libre téléchargement, les dons étant néanmoins possibles). Le Nova constitue la première halte d’une courte tournée solo en Europe, précédant la sortie de son dernier opus : "Zone of Blue". Si vous voulez écouter en live ce phénomène attachant, venez sans hésitation, vous risqueriez sinon d’avoir à attendre à nouveau quelques temps !
http://www.dogbowl.com
http://www.myspace.com/dogbowlstephentunney