Avec Cine argentino, nous voulons mettre à l’honneur la diversité du cinéma argentin au travers de l’œuvre de quelques cinéastes remarquables. Nous avons sélectionné sept films singuliers : perles rares, classiques contemporains ou encore films cultes. Ce programme a été conçu et réalisé en collaboration avec le festival Open Doek et l’asbl Marcel.
Pablo Trapero est l’un des représentants les plus connus du Nuevo Cine Argentino. Dès la fin des années ’90, il promulgua l’Argentine sur la carte du cinéma mondial. Trapero a étudié l’architecture et le cinéma à l’Universidad del Cine de Buenos Aires ; il a travaillé comme monteur, producteur, scénariste et assistant-réalisateur, avant de réaliser ses propres longs métrages... et de devenir l’un des talents les plus innovateurs du cinéma argentin d’aujourd’hui, un cinéaste qui se réinvente à chaque film. Ses trois premiers longs métrages figurent au programme.
Leopoldo Torre Nilsson est un géant oublié du cinéma sud-américain, mais dans les années ’50 et ’60 il était cité au rang d’auteurs comme Bergman, Buñuel et Welles. Premier grand cinéaste d’Argentine, il perça sur le plan international dans les grands festivals à Cannes et à Berlin. Il était marié à l’écrivaine Beatriz Guido, dont les livres ont souvent servi de source d’inspiration pour ses films puissants et expressionnistes : études psychologiques traitant de l’innocence perdue, de la répression sexuelle et de l’hypocrisie politique, convoquant des images incandescentes qui vous resteront longtemps sur la rétine. Nous présenterons deux copies de films extrêmement rares.
Emilio Vieyra et Armando Bò sont deux réalisateurs argentins qui, dans les années soixante, ont revisité tout le pan du cinéma d’horreur, érotique et d’exploitation. Emilio Vieyra, allégrement cloué au pilori par la critique, engrangeait pourtant de grands succès sur le plan des recettes en tournant des films d’horreur bon marché comme "Sangre de vírgines", le premier film argentin de vampires. Ce film - immédiatement mis au ban - ne fut réhabilité qu’après la chute de la junte militaire en 1983 par une nouvelle génération de fans de cinéma. Il devint très vite un film culte pur sang. Quant au réalisateur et producteur Armando Bò, il prit pour égérie l’ex-Miss Argentine 1955 et mua Isabel Sarli – voluptueuse femme fatale - en premier sex-symbol du pays. Le couple collabora ensemble sur pas moins de vingt-sept films de sexploitation mélodramatique haute en couleur dans la veine des premiers films de Russ Meyer. Bò truffe ses scénarios à sensations de violence, de perversion et de sexe, le tout baignant dans une esthétique hyper kitsch.