Putty Hill. Dans ce quartier de la banlieue nord-est de Baltimore (Maryland), peuplé principalement par des familles de la classe ouvrière, la vie suit son cours entre un quotidien désenchanté et un avenir incertain, loin d’un certain Rêve Américain... Plus connue grâce aux films de John Waters et à l’excellente série télévisée "The Wire", Baltimore a beaucoup souffert du déclin économique et industriel qui a débuté dans les années 1970. À cette époque, le trafic de drogue et la violence qui en résultait y ont transformé certains quartiers en de véritables no man’s land. Aujourd’hui, Baltimore reste la ville qui compte le plus fort taux de dépendance à l’héroïne des USA.
Bien que "Putty Hill" ne traite pas spécifiquement des problèmes de drogue, le film aborde leur impact à travers une des victimes de ce trafic : un adolescent, mort d’overdose. Sa disparition va révéler les liens profonds unissant sa famille et ses amis. Même si les sentiments restent difficiles à exprimer, même si les blessures du passé restent ouvertes, ce petit monde va trouver tant bien que mal du réconfort dans des plaisirs et des relations simples... Voilà pour la trame narrative de cette œuvre souvent improvisée, jamais exclusivement fictionnelle et pas totalement documentaire. Flottant sans cesse entre les deux styles de façon fluide et libérée, "Putty Hill" met en scène à la fois des personnages et les acteurs (non professionnels) qui les incarnent. Il dépeint une Baltimore à la fois réelle et fictive, une histoire inventée de toutes pièces mais bien ancrée dans la réalité.
"Putty Hill" est le second film de Matt Porterfield. À l’origine : un projet de documentaire, avorté pour des raisons de production. Porterfield en a gardé le casting, l’équipe et les lieux de tournage pour réaliser ce film, tourné en 12 jours et monté en quelques semaines à peine. En ce sens, il s’agit de cinéma guérilla, à l’état pur. Inspiré par le mélange entre urbain et rural qui est caractéristique de ce quartier, et par ce statut à part entre la ville et le comté — comme Baltimore est pris entre le Nord et le Sud —, "Putty Hill" est tourné dans des lieux qui font partie de ce monde d’entre-deux : un terrain de paintball, une maison de retraite, une piscine dans un jardin... Un monde à l’image de la vie des personnages qui se réunissent dans l’attente, comme en suspension, d’enterrer une des nombreuses victimes de Baltimore.
"Putty Hill" est présenté au Nova au moment de sa sortie en France. À cette occasion, l’équipe du Festival international du film de La Roche-sur-Yon, où il a été primé en 2010, accompagne le film. Emmanuel Burdeau (programmateur du FIF, ancien rédacteur en chef des "Cahiers du cinéma") et Yannick Reix (Délégué général du FIF) seront au Nova pour le présenter et en discuter avec le public lors de la séance du 25.09 à 19:00.