En ce début d’année 2015, nous célébrons l’ouverture du Nova, il y a de cela 18 ans ! Notre accès à la majorité légale s’accompagne d’une nouvelle machine, un projecteur DCP, acquis il y a quelques mois, nous permettant de projeter les films en version numérique haute définition…
Le Digital Cinema Package (DCP) s’est imposé comme nouveau standard pour la diffusion en salle, mais nous n’oublions pas pour autant qu’avant d’être un signal informatique projeté sur un écran, le cinéma est à l’origine de la lumière traversant des photos successives, imprimées sur une pellicule ! Cette magie là, cet événement organique que constitue la projection analogique, nous avons beau être devenus majeurs, elle nous émerveille toujours comme des enfants !
Nous vous proposons donc, durant ces deux premières semaines d’ouverture de 2015, une petite sélection de films tournés et projetés en pellicule. Datant des années 1970 à très récemment, provenant des quatre coins du globe, en couleurs ou en noir et blanc, en 16mm gonflé ou directement en 35mm, avec budget ou avec les moyens du bord... ces films sont tous remarquables par la chaleur que seule la pellicule peut transmettre.
Dans bon nombre de cas aujourd’hui, en matière d’exploitation de films tournés en 35mm, seule la version numérique est disponible, l’argument du format original n’étant souvent pas entendu. Dans d’autres, les copies argentiques sont déjà rangées aux archives et ne sortent plus alors qu’il n’existe pas d’équivalent numérique, empêchant toute projection en salle. Heureusement, quelques rares distributeurs maintiennent leurs copies pellicule en bon état et permettent aux salles de les louer. Mais pour combien de temps encore ?
L’avènement du DCP promettait une barrière infaillible contre le piratage, une baisse des coûts de fabrication et de transport des copies, ainsi qu’ une accessibilité à un grand nombre de films dans de bonnes conditions et à moindre coût. Dans les faits, les droits de diffusion ne baissent pas, les prix de locations des films sont en hausse et les recherches de copies de plus en plus difficiles, sans compter les problèmes techniques récurrents de ce système "cadenassé". A cela, il faut ajouter que l’industrie a obligé les salles du monde entier à s’équiper d’un nouveau matériel onéreux dont l’obsolescence programmée évidente risque bien de compromettre la survivance des petites salles au profit de grands complexes sans âmes.
Élément non négligeable mais néanmoins discret, ce changement de paradigme a transformé radicalement le métier de projectionniste qui, de la position d’artisan expert en matière pelliculaire, se retrouve réduit au rôle de presse-bouton et, en cas de soucis, d’intermédiaire humain entre l’informaticien et la machine. En quelques années, c’est tout un savoir-faire qui s’éclipse au profit de la toute puissance numérique.
Qu’à cela ne tienne, le Nova gardera pour longtemps encore son matériel de projection Roi : le 35mm. Quoiqu’en disent les Majors, il n’est pas prêt de disparaître !