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Entre deux tours : bêtes et méchants

Tous les cinq ans, la république française frappe les esprits par le caractère quasi-monarchique de son système présidentiel. Et, vu de la Belgique, les débats politiques lors de la campagne électorale prennent souvent les allures d’un impressionnant spectacle… Voilà pourquoi, en cette période d’entre deux tours, nous allons nous intéresser à quelques grandes figures de la première époque du journal bête et méchant "Charlie Hebdo" (1970-1982) — à travers plusieurs films consacrés à Cavanna, Reiser, Siné et Choron —, afin de mieux mesurer la distance parcourue dans cette proclamée patrie des Droits de l’Homme depuis lors (et singulièrement en comparaison avec la seconde époque du même titre, entamée en 1992), en termes de liberté d’expression, de subversion, de provocation, de bon et de mauvais goût, de politiquement correct, de censure… En clôture de cette programmation, nous montrerons deux films traitant eux aussi de politique française mais en regardant celle-ci notamment à travers le prisme de la politique… équatorienne et béarnaise !



Denis & Nina Robert, 2015, FR, DCP, vo fr, 90

Des deux co-fondateurs de Hara-Kiri et de Charlie Hebdo, François Cavanna était le moins "excentrique" ; c’était également un homme attachant et une plume prolifique. Le professeur Choron avait fait l’objet d’un documentaire à la fin de sa vie, pour faire le tour il restait donc à se pencher sur celle de Cavanna ; c’est à ce travail que se sont attelés le journaliste Denis Robert et sa fille Nina. En compagnie de cet homme qui - sans le savoir lors des prises de vue - vivait ses derniers jours, c’est à l’histoire de ce journal qui changea la presse française que les réalisateurs nous convient. Histoire close par la disparition du titre au début des années 80. Si Choron refusera de faire partie du retour de Charlie hebdo en 1992, Cavanna lui, en sera. Il le regrettera, comme il nous le raconte dans ce film. Alors que le repreneur, Philippe Val, s’enrichit et rejoint les mondains journalistiques parisiens, Cavanna et sa vie modeste continuent de jouer de la plume, dans le journal qu’on lui a volé, jusqu’à l’ultime seconde.

En présence de Denis Robert et Nina Robert.

27.04 > 20:00
6€ / 4€


Stéphane Mercurio, 2010, FR, 35mm, fr, 92

Belle-fille de Siné, la cinéaste Stéphane Mercurio (dont nous avions programmé le très beau documentaire sur l’univers carcéral, "À côté") a profité de ce lien familial pour réaliser un film sur l’homme du "journal mal élevé", un dessinateur tendre-féroce aux principes bien ancrés, ayant pris parti pour tous les opprimés, et contre les nantis de tous poils. Athée, anti-flics, anti-armées, anticolonialiste, ami des chats, pataphysicien, fou de jazz et de salsa, Siné s’est lié d’amitié avec Prévert, a pris fait et cause pour les Algériens pendant la guerre d’Algérie, a fait de Malcolm X le parrain de sa fille, mais s’est parfois trompé et le reconnaît d’ailleurs volontiers. Il est filmé ici à ses 80 ans (quelques années avant son décès en 2016), toujours enragé et récemment viré de "Charlie Hebdo" par Philippe Val, pathétique épisode qui le verra rebondir en créant "Siné Hebdo" puis "Siné Mensuel".

En présence de Jean-Jacques Rue, chroniqueur cinéma de "Siné Mensuel" (le journal qui fait mal et ça fait du bien).

28.04 > 20:00
6€ / 4€


Voici enfin un film cultissime que nous n’avions encore jamais osé projeter en séance nocturne. Casting pompeux, budget démesuré, scénario niais, dialogues cornichonesques, réalisation arrogante mêlant philosophie de supermarché, érotisme kitsch et effets spéciaux ratés, absence totale de rythme et de sens du récit… C’est, de l’aveu même de son réalisateur, "un beau film, qui lui ressemble", tandis que certains y voient plutôt un nanar qu’ils n’hésitent pas à qualifier de "plus mauvais film de l’histoire du cinéma" ! À savourer ensemble, comme le spectacle d’une prétentieuse montgolfière qui se dégonfle sous nos yeux, entre une introduction de Noël Godin (chroniqueur littéraire à "Siné Mensuel") et une lecture de haïkus de Michel Onfray par Guillaume Maupin. Une séance de haute tenue culturelle, assurément !

En présence de Noël Godin, chroniqueur littéraire à "Siné Mensuel".

28.04 > 22:00
Gratis


Jean-Pierre Berckmans, 1976, BE, vo fr, 48

1976. Jean-Marc Reiser est âgé de 34 ans. Indissociable du célèbre humour bête et méchant lancé par "Hara Kiri" et "Charlie Hebdo", Reiser est notamment connu pour son personnage du Gros Dégueulasse. Tendre, féroce, corrosif, il sait mieux que quiconque croquer les mœurs des classes populaires, comme celles qui viennent chaque année passer leurs vacances à Blankenberge. C’est lors d’une visite de Reiser sur les plages de cette station balnéaire que la RTBF filme le portrait du dessinateur pour la série "Le crayon entre les dents". Il y dessine et analyse le spectacle qui lui est offert sur la digue, la plage, le camping… Le tout croqué sur le vif par un crayon anar impertinent, mais jamais cynique.

En présence de Jean-Pierre Berckmans, réalisateur.

29.04 > 19:00
4€ / 3€


Benoît Lamy & Picha, 1971, BE, 35mm > video, vo fr, 56

Pour Benoît Lamy ("Home Sweet Home", "La vie est belle", etc.) comme pour Picha (auteur de longs métrages d’animation comme "La honte de la jungle" ou "Le chaînon manquant"), "Cartoon Circus" est un tout premier film. Leur sujet ? Un hymne à la liberté des caricaturistes de presse, dans cette époque marquée par la guerre du Vietnam, le mur de Berlin, l’entrée des chars russes en Tchécoslovaquie… Une plongée documentaire dans le monde de la BD, dont une bonne partie fut tournée avec l’équipe de "Charlie Hebdo", dans le minuscule local de ce journal contestataire qui venait de naître, suite à l’interdiction de "Hara Kiri" en novembre 1970. On y retrouve Topor, Reiser, Siné, Gal, Cavanna, Willem, le professeur Choron, Cabu, Wolinski… et l’ambiance qui a caractérisé la belle époque de cette presse libre et irrespectueuse. Bien loin des réunions de rédaction de la presse classique, ici, tout en dessinant, on philosophe, on s’engueule, on blague, on mange, on fume et on trinque !

En présence de Bonbon Lamy.

29.04 > 20:00
4€ / 3€


Pierre Carles & Eric Martin, 2009, FR, DCP, 98

"Choron est né pauvre. Il est mort pauvre. Il a vécu comme un riche. Somptueux, généreux, honnête. Vous connaissez beaucoup de patrons à qui il est arrivé d’habiter dans une cave pendant que ses anciens employés pétaient dans la soie ? Pas primable, pas décorable, ininvitable à l’Élysée, le Choron. Grandiose" (Delfeil de Ton). Tourné sur plusieurs années jusqu’à la mort de Georges Bernier alias le Professeur Choron et même après, ce film dessine le portrait du sulfureux et subversif grand oublié du nouveau "Charlie Hebdo", celui qui a fondé le journal en 1971 avec Cavanna, mais qui a été gommé de la photo de famille par l’équipe qui le reprit en 1992. Pierre Carles et Eric Martin ne s’en cachent pas : la motivation première de leur film est de rendre à Choron ce qui appartient à Choron, de lui faire justice en réalisant le portrait haut en couleurs de ce provocateur qui bravait les interdits et la morale de son époque, en contraste avec certains de ses anciens acolytes qui ont rentré leurs griffes.

En présence d’Eric Martin, co-réalisateur du film et co-auteur avec le Professeur Choron du livre "Tout s’éclaire" (2001).

29.04 > 21:00
6€ / 4€


On revient de loin

Opération Correa #2

Pierre Carles & Nina Faure, 2016, FR, 101

Depuis 2007 en Équateur, le gouvernement de Rafael Correa a refusé de payer une partie de la dette publique, a récupéré la souveraineté sur ses ressources naturelles face aux multinationales, et a mené des politiques de redistribution ayant diminué la pauvreté et les inégalités. Désespéré par la politique française, Pierre Carles est admiratif et part visiter ce qu’il voit comme un nouvel Eldorado. En 1998, dans "Pas vu pas pris", son premier film, Pierre Carles s’était fait prédire par le présentateur Jacques Chancel : "Vous verrez, vous aussi, un jour, vous côtoierez les grands de ce monde". Vingt ans plus tard, cette prophétie se réalise : en Équateur, l’adepte de la critique des médias tutoies le président équatorien, lui tape sur l’épaule et embarque dans son avion personnel ! Mais il voyage avec son amie Nina Faure, qui s’avère plus critique sur le régime de Rafael Correa. En sillonnant le pays, les deux personnages sont confrontés à des cas de conscience dont ils tirent des leçons parfois opposées : l’un voudrait que Correa vienne retaper la France, l’autre s’interroge sur la nécessité d’un homme providentiel…

En présence de Nina Faure (sous réserves).

30.04 > 17:00
6€ / 4€


Pierre Carles & Philippe Lespinasse, 2017, FR, video, vo fr, 110

Revenu bredouille d’Équateur, dans le sens où il n’a pas réussi à convaincre Rafael Correa de se présenter aux élections présidentielles hexagonales, Pierre Carles a-t-il fini par transposer ses derniers espoirs politiques sur un député béarnais conservateur ? Quelle est la part de mise en scène et de documentaire dans ce nouveau projet mené en compagnie de Philippe Lespinasse ? Une chose est sûre : le sujet de leur film est un candidat qualifié à l’élection présidentielle, qui n’est passé ni par l’ENA, ni par Sciences Po mais par… le lycée agricole de Pau Montardon. Ancien berger, fils de petit paysan pyrénéen, cet élu atypique dans le paysage politique se bat pour le maintien des services publics mais aussi de petites ou moyennes exploitations agricoles sur ces terres touchées par l’exode rural. Il s’est fait notamment connaître pour avoir effectué une grève de la faim de 39 jours afin d’éviter la délocalisation d’une usine de la vallée d’Aspe. Comment compte-t-il "retaper la France" ? Nous en saurons plus grâce à la projection inédite d’une version de travail (non-définitive).

En présence de Philippe Lespinasse, co-réalisateur du film et chroniqueur à "Siné Mensuel".

30.04 > 20:00
6€ / 4€


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