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#166 - Lebanon : Days of Tomorrow

10.05 → 17.06.2018
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Edito #46 - Juin 2001

UN COUTEUX COCORICO

Par nos envoyés spéciaux en duplex sur place

Profs, travailleurs du secteur socio-culturel, parlementaires... Et même les commentateurs politiques les plus aguerris. Tout le monde avait fini par y croire. Sincèrement. C’était devenu une réalité indiscutable : « la Communauté française de Belgique ne dispose pas de la moindre marge de manoeuvre budgétaire ». Pas un sou dans les poches. Pas de salut sans refinancement... On avait tout faux. En fait, si la Communauté n’avait pas plus de moyens pour subvenir à des besoins importants, c’est sans doute qu’elle économisait discrètement en attendant l’occasion de quelque grande action de prestige.

Question prestige, le 11 mai dernier dans l’ex-cinéma Pathé Palace (réouvert durant de courtes années sous le nom de Kladaradatsch, puis à nouveau fermé depuis l’année dernière), on a été servi. Et bien servi. Plantes vertes, drapeaux, concerts à chaque étage, et « cocktail dînatoire » avec scampis grillés, salade de truffe, sauce à l’échalotte, saumon à gogo, coulis de framboises, crème au café, citron meringué, etc. Les petits plats dans les grands. Des navettes au départ des parkings les plus proches évitaient même d’avoir à marcher 200 mètres en rue... Un vendredi soir en plein centre-ville, on ne sait jamais.

Ceux qui ont couru le risque ne sont pas rentrés déçus. Les convives ont pu voir un ministre-président en chair et en os, interrogé par une ancienne vedette de la télé. Et un autre ministre, à la plage lui, et sur grand écran ‹ en direct de Cannes s’il vous plaît. Bref, un vrai journal télévisé (en plus long, avec plus d’invités et agrémenté de reportages sur la vie d’un ministre à la Croisette), mais réalisé dans le seul but de pousser un grand cocorico face à quelques centaines de privilégiés seulement.

En dehors de l’auto-promotion d’un secteur audiovisuel qui se porterait à merveille, la soirée comportait en filigrane un autre message : « la Communauté française reprend pied dans le centre de Bruxelles ».

Fort bien. Mais à quel prix ? Acquérir un cinéma pour 200 millions, alors qu’on en possède un autre depuis près de 20 ans et dont on ne fait rien (le Variété, à quelques centaines de mètres de là)...

Et avec quel projet ? Installer un théâtre pour deux ans dans une salle récemment réaménagée en cinéma (et qu’il faut donc nécessairement retransformer), et alors que le manque de cinémas indépendants constitue un vide culturel évident à Bruxelles...

La plupart des films représentant la Belgique à Cannes ont été (ou vont être) les premières victimes de ce manque d’écrans...

Notre propos n’est pas de dire que le Kladaradatsch aurait dû tomber dans les mains de la Communauté flamande (son projet de « centre de la culture flamande » était tout aussi absurde). L’important n’est d’ailleurs pas tellement de savoir à qui appartient ce bâtiment. Le débat devrait porter sur ce qui va se faire dans ses murs, plutôt que de tourner autour de la couleur du drapeau qui flottera sur sa façade. Une autre question est de savoir ce qu’il advient de l’ex-Variété pendant ce temps-là ?

Enfin, c’est le coût de cette petite sauterie (sensée inaugurer un futur théâtre avec la projection de l’interview d’un ministre de l’audiovisuel en duplex de Cannes !?) qui restera en travers de la gorge de tous les projets que la Communauté ne peut pas dignement soutenir. Elle aurait coûté une somme de l’ordre de 3 millions ! Les petits plats dans les grands, qu’on vous dit...

Mise à jour

Beaucoup de choses se sont passées depuis la publication de ce texte, il y a 17 ans : le franc a fait place à l’euro, la Communauté française a été timidement refinancée et est devenue Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), le Théâtre National est installé boulevard Jacqmain depuis 2004, et le Cinéma Variétés est toujours à l’abandon (il vient d’être revendu). Le Palace, lui, est resté inoccupé pendant 14 ans ! Entièrement rénové comme cinéma en 1999, il a été acheté par la Communauté française (4,98 millions d’euros) qui l’a transformé en théâtre provisoire (1,6 million d’euros) puis retransformé en cinéma (12,26 millions d’euros), pour un total de 18.860.000 euros.

Mais le voilà enfin ouvert ! La création de quatre écrans de cinéma à Bruxelles est plutôt réjouissante… à condition qu’ils permettent d’apporter des choses nouvelles et de prendre des risques, tout en jouant la complémentarité plutôt que la concurrence avec l’existant. Car au-delà des bonnes intentions affichées, n’oublions pas que le Palace, en bénéficiant d’un soutien très important de la FWB et en comptant parmi sa direction un des principaux distributeurs belges d’art et essai (Cinéart), ne joue pas à armes égales avec les autres cinémas d’exploitation. En tous les cas, c’est avant tout la politique de programmation du Palace qui nous dira si ce coûteux cocorico en aura valu la chandelle et réussira à élargir le cercle des spectateurs… ou s’il n’aboutira qu’à fragiliser les autres cinémas bruxellois qui n’ont pas attendu le Palace pour "rendre les gens curieux" (sic) et "réapprendre à voir un film en salle" (re-sic) !

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