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Death on Film

Une sélection remarquable de films sur la représentation de la mort à l’écran et la pulsion scopique qu’elle génère : depuis les films classiques et cultes jusqu’au cinéma extrême et trash, le cinéma y exploite la pornographie de la violence et de la mort. Le chef-d’œuvre “Peeping Tom” de Michael Powell, le sulfureux “Last House On Dead End Street”, les abominables séries “Faces of Death” et “Guinea Pig”, les productions belges “Des morts” et “C’est arrivé près de chez vous”, “Benny’s Video” de Michael Haneke ou encore “The Blair Witch Project” et “[REC]” : 25 films de tous horizons. Les documentaires Mondo sensationnels des années 60, les snuff movies (mettant soi-disant en scène de vrais meurtres) et les films d’horreur façon found footage, les video nasties en VHS aux jaquettes racoleuses des années 80, ainsi que les retransmissions en direct de violences, catastrophes et accidents filmés sur smartphone (ou dash cam) prouvent que la fascination pour la mort n’a rien perdu de sa force morbide.



Jörg Buttgereit

Invité principal de la section

Le cinéaste allemand Jörg Buttgereit s’est construit une carrière de provocateur, de metteur en scène et de réalisateur de certains des films les plus controversés au monde. Par le prisme d’une éthique punk ainsi que d’un langage visuel et d’une technique cinématographique visionnaires, ses films sont imprégnés d’une fascination perverse pour la mort. Il ne manque toutefois pas de souligner la fragilité de la vie et de représenter une forme d’amour aliénée mais sincère. Sa démarche artistique l’éloigne cependant des amateurs d’horreur, malgré l’abondance d’hémoglobine et les images minutieusement détaillées de mutilations, de décomposition et de pourriture. Ses films caustiques ("Necromantik 1 & 2", "Der Tödesking" et "Schramm", les 3 derniers présentés au Nova les 22 et 23.03) en font un des réalisateurs les plus originaux, novateurs et "dangereux" et restent, vingt ans après, toujours autant déconseillés aux âmes sensibles.



Nacho Cerdà, 1990, 1994 & 1998, ES, HD, vo st ang, 68

Une triplette de courts métrages exquis et dérangeants servis par le réalisateur Nacho Cerdà illustre trois instants de la lutte de la vie contre la mort. Dans "Awakening", le seul segment tourné en noir et blanc, un garçon tombe de fatigue à l’école et vit une expérience mystique qui l’extrait de son corps physique. Tourné dans une morgue, "Aftermath" exploite les tonalités du Lacrimosa de Mozart dans son exploration des gestes de la préparation du cadavre pour le jour de son enterrement. Enfin, jusqu’à ce qu’un croque-mort dérape quand le corps d’une jeune femme décédée dans un accident de voiture arrive à la morgue. Et dans "Genesis", un artiste désespéré tente d’apaiser le deuil de sa femme en concevant une sculpture taille-réelle. Un peu trop proche du réel, sans doute, sa création saigne et l’angoisse s’installe.

20.03 > 21:30
6€ / 4€


Sheldon Renan & Leonard Schrader, 1981, US, DCP, vo, 90

Ce documentaire percutant sur la mutation du rêve américain en dystopie répugnante est gavé d’images non censurées d’émeutes, de cadavres et d’exécutions – dont l’assassinat de JFK – et des images d’archive de tueurs en série comme Ed Kemper, Ted Bundy et la Manson family. "The Killing of America" est un film massue qui préserve encore aujourd’hui toute sa pertinence à l’heure où le port d’armes et la fascination pour le meurtre demeurent des éléments incontournables d’une certaine culture américaine. Porté par le coréalisateur Leonard Schrader, grand frère de Paul (et coscénariste sur des films comme "The Yakuza", "Blue Collar" et "Mishima"), ce film était à l’origine destiné à la télévision japonaise et a depuis acquis le statut d’incontournable du genre.

21.03 > 19:30
6€ / 4€


+ Nekromantik 2

Jörg Buttgereit, 1991, DE, DCP, vo st ang, 111

"Nekromantik", le premier long métrage transgressif de Buttgereit, a été salué par John Waters comme "le tout premier film érotique pour nécrophiles". Cette suite tout aussi transgressive (mais avec plus de moyens) fait directement suite au premier film, dans un flash-back de Rob se poignardant à mort au moment d’éjaculer. Monika, une infirmière nécrophile, déterre son corps en putréfaction et le ramène à la maison, mais est vite déçue par ce nouvel amant. Bientôt, elle est confrontée à un choix entre Rob, qui se décompose rapidement, et un nouveau petit ami, bien vivant. Le nettoyage, le démembrement et la décapitation de cadavres érotiques se combinent en un triangle romantique singulier, sans jugement.

+ The Last House on Dead End Street

Roger Watkins, 1977, US, DCP, vo st ang, 77

Ancien condamné à mort, Terry Hawkins (interprété par le réalisateur) n’est pas content. Mieux, il est déterminé à faire dégouliner sa rage dans tous les recoins de la société et décide de se lancer dans la réalisation de Snuff Movies. Cette légende du film Grindhouse réalisé par Roger Watkins nous provient du début des années 70. Mais après une sortie retardée, il est devenu presqu’impossible de retracer les origines du film et de ses interprètes. À tel point que certaines rumeurs annonçaient que les meurtres projetés à l’écran étaient n’avaient rien de mis en scène. Dérangé et sordide au possible, “Last House on Dead End Street” se révèle par instant, habité, par un certain style qui n’est pas sans rappeler les travaux de Franju, Welles ou même Buñuel. Forage d’yeux et fellation de sabot sont autant de traces hallucinogènes qui confirment l’annonce du réalisateur : ce film aurait été impossible sans l’ingestion de substances.

+ Guinea Pig : The Devil’s Experiment

Satoru Ogura, 1985, JP, HD, vo st ang, 43

+ Guinea Pig : Flower of Flesh and Blood

Hideshi Hino, 1985, JP, HD, vo st ang, 42

On raconte que Charlie Sheen fut tellement choqué après avoir vu "Guinea Pig" qu’il a appelé le FBI pour dénoncer les réalisateurs du film. Affaire facile pour les agents fédéraux : les réalisateurs du film se justifiaient déjà auprès des tribunaux japonais pour attester de l’aspect fictif des prises de vue. "The Devil’s Experiment", premier de cette série incontournable de snuffs, s’offre comme un found footage cru dans lequel trois hommes torturent à mort une femme en la cognant, la brûlant ou encore en l’éviscérant. Le tout dans un souci esthétique évident, ce serait dommage de proférer ces jeux gratuitement. Dans la plus stylisée des suites, "Flower of Flesh and Blood", le réalisateur Hideshi Hino – par ailleurs mangaka d’horreur – se déguise en samouraï pour démembrer et éviscérer sa victime. Kampaï !

22.03 > 21:30
10€ / 8€ (soirée / avond)


Contrairement aux représentations du sexe, qui ne pouvaient être vues que clandestinement et en cercle privé, le public n’a jamais été épargné par les représentations de la mort, et ce dès la naissance du cinéma. Ainsi, Thomas Edison a nourri l’attrait pour ce thème avec des mises en scène filmées d’exécutions. Plus d’un siècle plus tard, les exécutions que nous voyons sont réelles et nous sommes déconcertés par les atrocités qui sont accessibles sur internet par un simple clic.C’est le sujet du livre "Killing for Culture : From Edison to Isis : A New History of Death on Film" de David Kerekes et David Slater (Headpress, 2016), qui a inspiré la programmation "Death on Film" cette année. Cette conférence commencera donc par un entretien sur scène avec un des auteurs : David Kerekes. Il est également cofondateur de la maison d’édition underground Headpress et a écrit un livre sur Jörg Buttgereit : "Sex Murder Art".

Tina Kendall (Anglia Ruskin University) : "The Evolving Technologies of Death on Film : from Benny’s Video to Unfriended : Dark Web"
Steve Jones (Northumbria University) : "La Petite Mort : Sex and Death in Hardcore Horror"
Johnny Walker (Northumbria University) : "Video Violence : The “Shot On Video” Horror Phenomenon"

23.03 > 13:30
Gratis


Film + rencontre

Schramm

Into the Mind of a Serial Killer

Jörg Buttgereit, 1993, DE, 35mm, vo st ang, 65

La méditation de Buttgereit sur la vie solitaire, et la mort, d’un tueur en série démarre quand Lothar Schramm (interprété sans peur par Florian Koerner von Gustorf) tombe d’une échelle dans son appartement. Alors qu’il gît dans une mare de sang, les scènes de sa vie misérable resurgissent devant ses yeux, et, forcément, devant les nôtres. Fantasmes et instants de réalité s’entrecroisent dans un maelström mémoriel où se confondent des images d’amputations, une fascination unilatérale pour sa voisine prostituée, des coups de marteau dans le cerveau d’une victime mais encore des monstres vagins pleins de dents, des extractions oculaires et, toujours, des viols et meurtres en série. L’horreur viscérale rencontre l’auto-flagellation, la paranoïa et la démence pour un effet quelque peu dérangeant.

+ The Death King [Der Todesking]

Jörg Buttgereit, 1990, DE, DCP, vo st ang, 80

Sept jours dans une semaine et autant d’explorations visuelles de morts violentes sous toutes leurs coutures pour le roi de la mort. Dans ce film d’horreur qui flirte avec le registre de l’expérimental, Buttgereit nous soumet des images de suicide ou de meurtre mais aussi de la VHS nazi, un échange épistolaire de mauvaise augure, de l’auto-flagellation épuisante jusqu’au massacre en plein concert de rock. Le tout en exploitant une palette élargie de procédés choquants, drôles, surréalistes et même poignants pour révéler un discours finalement surprenant sur la fragilité et la fugacité de l’existence humaine. La bande son électro-industrielle de Hermann Kopp apporte une touche finale magistrale à cet essai tandis qu’entre chaque instant du film les différentes étapes de la décomposition d’un cadavre nous sont exposées.

Précédé de l’avant-première mondiale d’un court film d’animation qui se présente comme une suite de "Schramm" :
- Tomorrow I Will Be Dirt (Robert Morgan, UK, 2019, 8’)

Précédé de deux courts métrages :
- Mein papi (Jörg Buttgereit, 1982, 7’)
- A Moment of Silence at the Grave of Ed Gein (Jörg Buttgereit, 2012, 2’)

La séance sera suivie d’une rencontre avec le réalisateur

23.03 > 21:30
6€ / 4€


The Death King

Der Todesking

Jörg Buttgereit, 1990, DE, DCP, vo st ang, 80

Sept jours dans une semaine et autant d’explorations visuelles de morts violentes sous toutes leurs coutures pour le roi de la mort. Dans ce film d’horreur qui flirte avec le registre de l’expérimental, Buttgereit nous soumet des images de suicide ou de meurtre mais aussi de la VHS nazi, un échange épistolaire de mauvaise augure, de l’auto-flagellation épuisante jusqu’au massacre en plein concert de rock. Le tout en exploitant une palette élargie de procédés choquants, drôles, surréalistes et même poignants pour révéler un discours finalement surprenant sur la fragilité et la fugacité de l’existence humaine. La bande son électro-industrielle de Hermann Kopp apporte une touche finale magistrale à cet essai tandis qu’entre chaque instant du film les différentes étapes de la décomposition d’un cadavre nous sont exposées.

Précédé de l’avant-première mondiale d’un court film d’animation qui se présente comme une suite de "Schramm" :
- Tomorrow I Will Be Dirt (Robert Morgan, UK, 2019, 8’)



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