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La cinémathèque des laboratoires Sandoz

Il fut un temps où les grandes entreprises pharmaceutiques soignaient leur image de marque avec le cinéma d’avant-garde. Ce fut le cas des laboratoires Sandoz qui participèrent au renouveau de la psychiatrie par un mécénat cinématographique inimaginable aujourd’hui. À cette époque, Sandoz commercialisait des psychothropes (le fameux LSD entre autres). Ce champ de la médecine permettait de produire des films où il etait question "d’états psychologiques" et où la liberté accordée à l’imaginaire n’était pas encadrée par le discours médical des spécialistes. C’est en tout cas ce que permirent les mécènes cinéphiles Sandoz dont les aspirations artistiques étaient indéniables au vu des films produits.
Le Nova a retrouvé quelques perles de cette époque révolue et par la même occasion redécouvert deux cinéastes magnifiques : Jean-Daniel Pollet, cadet de la Nouvelle Vague (dont les films viennent d’être tout récemment restaurés) et Eric Duvivier, neveu du cinéaste Julien Duvivier, maître du film médical et de son expansion, et inventeur d’un genre cinématographique : le film scientifique surréaliste.
Pour évoquer et contextualiser cette incroyable épopée de la cinémathèque Sandoz dans les années 60-70, nous accueillerons le cinéaste, écrivain, historien du cinéma Gérard Leblanc qui fut à la fin des années 60, rédacteur en chef de la revue "Médecine et Cinéma" financée par la cinémathèque Sandoz, et cofondateur de la revue engagée "Cinéthique".

04.10 > 20:00  


+ Le monde du schizophrène

Eric Duvivier, 1961, FR, 35mm > video, vo fr , 20

"Comment imaginer le monde dans lequel le schizophrène se meut…" Avec ce préambule, nous sommes invités dès les premières secondes à entrer dans un monde étrange où la métaphore symbolique emprunte au surréalisme des motifs convoqués par mille et un trucages visuels et sonores. Avec ce premier grand succès de la cinémathèque Sandoz, Duvivier élabore un style qui lui permet de côtoyer l’avant-garde cinématographique.

+ Concerto mécanique pour la folie ou la Folle mécamorphose

Eric Duvivier, 1963, FR, 35mm > video, vo fr , 20

Un couple (Jacques Higelin et Dominique Grange) se retrouve au prise d’une machinerie totalement aliénante qui commence, ironie de notre présent, par la rencontre avec un téléphone géant. Pour produire ce petit bijou étincelant d’ingénierie mécanique et de sonorité postmoderne, Eric Duvivier collabore avec l’artiste Erró (Ferro au générique) initiateur du mouvement de la figuration narrative.

+ L’ordre

Jean-Daniel Pollet, 1973, FR, DCP, vo fr st ang, 40

"Ne me regarde pas dans les yeux parce qu’on l’attrape par le regard". Raimondakis, avocat érudit, porte-parole des lépreux confinés pendant 50 ans sur l’île de Spinalongas s’adresse à nous et dénonce les mesures d’exclusion que notre société a prises contre les lépreux des siècles durant. Qui sont les monstres ? Les malades, les lépreux, les déformés ? Ou bien la société des gens sains qui met en place la ségrégation sociale pour se protéger de la maladie ? Au fil du récit, les yeux aveugles de Raimondakis nous fixent et deviennent le miroir qui reflète notre propre monstruosité. Personne ne sortira indemne de la projection de "L’ordre", film radical qui attira les foudres du corps médical et remis en cause l’existence même de la cinémathèque Sandoz. Ce film questionne la santé totalitaire et résonne étrangement avec notre actualité.

"L’ordre" sera projeté à nouveau le 16 octobre avec un autre film de Jean-Daniel Pollet "Le Horla".

8€ / 6€ (soirée / avond)


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