2008, Dominic Gagnon est réalisateur de films depuis une dizaine d’années. Il se balade sur la jeune plateforme de partage vidéos YouTube. À l’époque, les vidéastes amateurs peuvent directement correspondre d’une vidéo à l’autre et, les internautes, en suivre le fil. Dominic Gagnon y découvre des correspondances de preppers américains, des personnes qui se préparent aux défaillance de l’Etat à venir. L’une d’elle le marque au point qu’il désire la montrer à l’un de ces amis. Raté ! La vidéo a disparu. Auto-censure ou signalement par un autre internaute ? Peu importe, Gagnon découvre là que derrière le fantasme de la mémoire totale d’Internet, des données disparaissent. Il empoigne sa caméra et filme son écran pour sauver une sélection de vidéos de l’entropie numérique. Ainsi naît "RIP in Pieces America" ainsi qu’une pratique qu’il dénomme le Saved Footage et qui deviendra sa seule pratique cinématographique. De son propre aveu, il a, avec la fibre optique, trouvé la juste distance dans sa démarche artistique et sa composition de portraits de personnalités ambiguës qui sont autant de révélateurs de notre société malade, entre autre, de son hyper-connexion. La grande force de son travail est de parvenir à articuler en un temps relativement bref des discours inaudibles cachés dans les angles morts d’Internet.